Simple voyageur de l’espace interstellaire ou engin d’intelligence extraterrestre ? Au sujet de la comète 3I/Atlas, les suppositions, des plus sérieuses aux plus farfelues, ne manquent pas d’occuper les Sapiens et d’envahir le Web avec autorité.

Par Stéphane Lecomte.

Considérée comme la troisième comète provenant hors de notre système solaire, après Oumuamua (découverte en 2017) et Borissov (repérée deux ans plus tard), 3I/Atlas a été repérée le 1er juillet 2025. Atlas étant un acronyme qui, en français, se traduit par : système d’alerte ultime d’impact d’astéroïde. C’est l’observatoire El Sauce, basé au Chili, qui l’a détectée en premier. El Sauce fait partie d’un complexe d’observation spatiale lus qui comprend trois autres observatoires (deux à Hawaï et un en Afrique du Sud). Ces gardiens de la galaxie, dignes de scenarii de SF, utilisent un relevé astronomique robotisé et un système d’alerte précoce optimisé pour détecter les plus petits objets géocroiseurs (évoluant à proximité de la Terre) de quelques semaines à quelques jours avant qu’ils impactent la Terre.  

A partir du 7 juillet, il a été démontré que la trajectoire de ce visiteur provenant de la constellation du Sagittaire est hyperbolique (ce qui désigne en mécanique spatiale la trajectoire de tout objet autour du corps central avec une vitesse suffisante pour échapper à l’attraction gravitationnelle de celui-ci). Une preuve inquiétante que la comète n’est pas capturée par le système solaire. De plus, l’excentricité de sa course (qui évoque la courbure elliptique plus ou moins conséquente des comètes) intrigue la communauté astrophysicienne. C’est particulièrement le cas d’Abraham Loeb, de l’université d’Harvard, qui avait déjà participé à la découverte de Oumuamua. Gaillardement, il affirme que cette comète pourrait être un engin d’origine extraterrestre… potentiellement hostile ! Il s’appuie pour étayer ses dires sur la trajectoire, mais aussi la taille, la vitesse et la luminosité de la comète, soulignant ses caractéristiques inhabituelles. 
Une majorité se dégage pourtant parmi les scientifiques pour admettre que 3I/Atlas est plus vieille que le Soleil. La comète, composée d’un noyau glacé solide et d’une chevelure formant un nuage de gaz et de poussières glacées s’échappant du noyau, dont la taille est incertaine, circulerait dans l’Univers depuis environ 7 milliards d’années. Le télescope spatial James Webb a réussi à percevoir que sa composition chimique est exceptionnellement riche en dioxyde de carbone et contient de petites quantités de glace d’eau, de vapeur d’eau, de monoxyde de carbone et de sulfure de carbonyle. Des observations au Very Large Télescope (situé dans le désert chilien d’Atacama et composé de quatre télescopes principaux et de quatre auxiliaires) précisent que 3I/Atlas émet du gaz cyanure et de la vapeur de nickel atomique à des concentrations similaires à celles observées pour des comètes du système solaire. Le 3 octobre dernier, la comète s’est approchée à 29 millions de kilomètres de Mars ; puis le 3 novembre à 97 millions de kilomètres de Vénus. Elle devrait être au plus proche de la Terre le 19 décembre 2025 prochain à 269,1 millions de kilomètres ; puis le 16 mars 2026 passer à 53 millions de kilomètres de Jupiter. D’ici là, E.T. nous aura-t-il fait un petit signe du doigt ?