Un mandat d’arrêt international a été lancé contre Vladimir Poutine pour déportation illégale d’enfants des zones occupées de l’Ukraine vers la Russie, mais il demeure sans effet. Les enfants enlevés reviennent au compte-goutte. Claudie s’en alerte. 

Par Claudie Perrot.

En février 2022, Vladimir Poutine envahit l’Ukraine à grande échelle, mais cette guerre qu’il appelle « opération militaire spéciale » a véritablement commencé en 2014, lorsque les troupes russes ont occupé et illégalement annexé la Crimée ; elles se sont installées dans les régions (oblast) de Donetsk et Louhansk, à l’est de l’Ukraine. Cela fait actuellement plus de 10 ans de guerre.
Dès le début de ce conflit, il est apparu que la Russie procédait à des transferts d’enfants vers son territoire, vers la Biélorussie ou vers les territoires sous son contrôle.
Selon les autorités ukrainiennes, plus de 19.500 enfants nommément identifiés ont été kidnappés mais ce chiffre ne représente qu’une infime partie de la réalité. Des sources ukrainiennes avancent le chiffre d’au moins 240.000 enfants transférés de force.
Qui sont ces enfants ? Certains d’entre eux, mais pas la majorité, sont orphelins ou placés dans des foyers d’accueil en raison du dénuement de leurs familles ou de circonstances de vie difficiles, les institutions (principalement situées dans l’est de l’Ukraine ) étant présentées comme la meilleure option pour eux.
Et puis, durant l’été 2022 dans le sud et l’est de l’Ukraine, des parents ont accepté que leurs enfants quittent le pays afin de les éloigner des combats pour participer à des camps de vacances en Russie. Il faut savoir que ces camps de vacances ont été créés à l’époque de l’URSS pour la jeune élite communiste particulièrement méritante. Les parents flattés et trop contents de mettre leur enfant à l’abri, ont adhéré à cette proposition. Lorsque ces enfants sont partis pour ces camps, ils étaient en groupe et devaient rentrer quelques semaines plus tard… mais ils ne sont jamais revenus. Plus de 6.000 enfants âgés de quelques mois à 17ans ont été transférés dans des camps dits « de rééducation » où ils ont été soumis à un véritable lavage de cerveau. L’usage de l’ukrainien est interdit. 
Les plus jeunes apprennent des chants et des récits à la gloire de la Russie et les plus âgés doivent chanter quotidiennement l’hymne national russe, s’initient au maniement des armes, voire même au saut en parachute. Ainsi, ils pourront devenir de bons soldats. A ce propos, le directeur du laboratoire de recherche humanitaire de Yale (USA) a déclaré : « Ce qui se passe en termes de militarisation des enfants est plus organisé que ce que nous aurions pu imaginer »
Enfin, l’Organisation non gouvernementale (ONG), Save Ukraine, a révélé l’existence d’un catalogue numérique de 360 enfants de quelques mois à environ douze ans, proposés à l’adoption pour des familles russes. Ce catalogue en ligne aurait été créé par les autorités de Louhansk, une région occupée par la Russie. Des enfants triés par âge, sexe, couleur des yeux et des cheveux et même… traits de personnalité. M. Kuleba, directeur général de Save Ukraine déclare : « Sur les plateformes officielles, les orphelins ukrainiens sont présentés comme des produits sur une place de marché en ligne ». Il a également lancé un avertissement sévère : « la plateforme expose ces enfants à des dangers importants comme l’exploitation sexuelle, l’adoption illégale et le trafic à des fins de prélèvements d’organes »
Heureusement, dans le monde entier des voix s’élèvent afin de rapatrier, le plus vite possible, les enfants dans leur pays.
Actuellement, seulement quelques 1.800 jeunes ont regagné leur pays. Chaque retour se fait sous la médiation d’un état tiers, notamment le Qatar, l’Afrique du sud et le Vatican.
Le Conseil de l’Europe (dont a été exclue la Russie en mars 2022), principale organisation des états européens attachés aux droits humains, s’est joint à 38 pays et à l’Union Européenne pour demander à la Russie de renvoyer les enfants sans délais et sans conditions.
Le président Zelensky a annoncé que l’Ukraine présentera très prochainement à l’ONU une résolution exigeant le retour immédiat des enfants.
Enfin, le président Trump a déclaré que le retour des enfants « est un sujet qui figure en tête de toutes les listes et que les USA travailleraient avec le reste du monde dans l’espoir de les ramener dans leurs familles ».
La Cour pénale internationale a d’ailleurs délivré un mandat d’arrêt international à l’encontre du Président Poutine et de la commissaire russe à l’enfance, Maria Lvova-Belova, pour déportation illégale d’enfants des zones occupées de l’Ukraine vers la Russie. 
Beaucoup d’ONG internationales et ukrainiennes œuvrent en silence, mais la procédure est souvent bloquée par la Russie.
Save Ukraine organise autant que possible le voyage de parents vers les territoires occupés dès qu’ils ont réuni les documents nécessaires prouvant l’identité de leur enfant et après avoir pu le localiser géographiquement.
A leur retour de déportation, ces 1.800 enfants présentent, on s’en doute, des traumatismes de toutes sortes et de nombreuses séquelles.
Il est indispensable de leur garantir l’accès aux soins de santé, de veiller à ce qu’ils aient la possibilité de se reconstruire, d’être en sécurité et de reprendre confiance en eux. 
Leur rendre leur enfance, telle est la tâche qui attend les familles, tous les professionnels de santé et les psychologues.