D’image en image, on remonte le temps et on voyage. Oui, mais vers quel monde, se demande Ninja, qui s’inquiète du trop-plein d’images actuelles. 

Par Ninja

L’évocation des images me fait remonter le temps. 
Je me souviens qu’à l’école primaire, quand on obtenait dix bons points, on était récompensé par une image. 
Étant une enfant pauvre qui ne possédait pas grand-chose, j’aimais collectionner les images du chocolat Poulain. Quand l’album d’images était complet, on l’envoyait à l’entreprise Poulain (dont le siège se situait à Blois), qui nous envoyait en échange une boîte de friandises. Métallique, la boîte. C’était du soleil qui entrait alors dans la maison ! Que j’ai aimé les boîtes métalliques, c’était magnifique ! D’ailleurs aujourd’hui, si j’avais une collection à faire, ce serait celle des boîtes.

Chez mes parents, il n’y longtemps pas eu la télévision. Malgré tout, j’ai eu la chance d’aller au cinéma de quartier. Alors s’animaient les images sur grand écran. Un rêve. Je me souviens de mes deux premiers films : Crin blanc et le Comte de Monte Christo. Des souvenirs cinématographiques, merci les frères Lumière, qui remontent à 65 ans. Plus tard, j’ai eu envie de posséder un appareil photo pour immortaliser en images des moments intenses en émotion. Puis, finalement, la télévision est arrivée à la maison. Les images étaient en noir et blanc ; il a fallu attendre quelques années de plus pour qu’elles passent en couleurs. Il fallait que j’aille à l’église le dimanche pour que je voie des images en couleurs. J’étais littéralement hypnotisée par les vitraux lumineux ! Je rends hommage à tous les bâtisseurs d’églises, de monuments, témoins du temps qui passe ! 

Marguerite Yourcenar a dit : « J’aime les images sacrées. Chacun les interprète à sa façon. Il s’agit de relier l’homme à ce qu’il a été et sera. Et non pas à une mode d’un jour ! »
De nos jours, on se soumet au culte de l’image. Les images pleuvent de partout : magasines, affiches, publicités, tags, fresques sur les murs, les trottoirs, les bus… Sans oublier les tatouages de tous les genres et de tous les styles qui ornent les corps ! Avec l’arrivée du portable, on fait des selfies, des vidéos, des conférences en audio. Certaines images sont violentes et impactent nos vies. Je crains que trop d’images ne tue l’image ! Ce qui serait dommage tant l’image est capable de véhiculer de la poésie, de la beauté et d’autres imaginaires. 
Et si on apprenait à devenir sage comme une image ?