Revue de presse à la résidence Saint-Joseph de Sotteville-lès-Rouen. En février, les résidents se sont arrêtés sur la grève à Nestlé. Les Curieux Ainés a tendu son micro. 

Elles étaient sept résidentes, ce jour-là, à se retrouver pour la lecture interactive de la presse organisée par deux animatrices la résidence Saint-Joseph, Athénaïs Revert et Régine Toulotte. L’article qui a particulièrement attiré l’attention de Jeannine 93 ans, Lucette 89 ans, Jeannine 86 ans, Micheline 77 ans, Odile 97 ans, Denise 94 ans et Jacqueline 93 ans évoquait une grève chez Nestlé Dieppe. Les salariés ont bloqué l’usine pour hausses de salaire. 

Ce qu’ils pensent de cette grève : 

Jeannine (86 ans) : « Moi, je suis d’accord. »

Micheline (77 ans) : « Oui, bien sûr. Ça dépend ce qu’ils gagnent. Pas grand-chose, hein, sans doute. Parce que, pour vivre, il faut quand même un peu d’argent. Actuellement, on ne vit pas avec rien. »

Lucette (89 ans) : « Ah bah oui. Pareil. Ils ont besoin d’argent. »

Jeannine (93 ans) : « Je sais pas, mais je connais bien la maison Nestlé, parce que mes parents étaient dans le commerce et Nestlé leur livrait du chocolat. Alors, je connais bien la maison Nestlé, je dis que c’est malheureux. Une très bonne maison. Oh, oui, avec des bons chocolats. Nestlé, c’est bon.  Les gens ont raison de réclamer, hein, moi je dis qu’ils ont raison. Je leur donne raison aux salariés qui réclament. Qu’est-ce que vous voulez ? La vie est dure. »

Odile (97 ans) : « Les ouvriers doivent se battre, ils méritent un salaire correct, et les conditions de travail doivent être dures. Danone je connais, c’est une grosse usine, ils doivent avoir des sous, ils peuvent payer dignement leurs ouvriers ».

S’ils ont participé à mai 68 :

Jeannine (86 ans), : « Ah, moi non. »

Micheline (77 ans) : « J’étais encore jeune pour me mettre dans les défilés, tout ça. Mais de cœur, oui. C’étaient de grosses manifestations, mais qui ont parfois été détournées …. N’en parlons pas. Ça n’en finissait plus. »

Lucette (89 ans) : « Bah non, j’étais toute seule. Je ne sortais pas, je ne sortais jamais. Je travaillais. »

Jeannine (93 ans) : « Non, non, non, je n’ai pas participé. Ça ne me concernait pas. »

Ce qu’ils ont pensé de la grève générale de mai 68 et comment ils l’ont vécue :

Jeannine (86 ans), : « Je ne me souviens pas. C’est-à-dire que j’avais mon mari à l’époque, il se débrouillait. Je me reposais sur lui. Ça ne m’a touché plus que ça. »

Micheline (77 ans) : « J’ai vécu comme les autres, je les ai suivis. Je travaillais, oui. C’est-à-dire que j’étais institutrice, donc évidemment il fallait suivre. Ça s’est bien passé, je n’ai pas eu d’ennuis. Bon, on manquait de certaines choses, mais ce n’était pas grave, on arrivait toujours à se débrouiller. Alimentaire, il ne faut pas se plaindre, on pouvait toujours compenser par autre chose. Ça allait. Je ne faisais plus classe, les écoles étaient fermées. C’était une grève générale, qu’on veuille ou qu’on veuille pas, écoles fermées … On était forcément en grève. Il y avait plus de transports. La SNCF, oui… ».

Jeannine (93 ans) : « On n’avait pas de voiture, on en a moins souffert que les autres. Il y en a beaucoup qui ont souffert.  C’est moche, c’est jamais intéressant ces choses-là. Un mois quand même, ça a duré.  Y’avait plus de tramway, c’était pas marrant. »

Odile (97 ans) : « C’était affreux, on avait peur, on ne savait pas comment ça allait finir, en ville on manquait d’essence, les déplacements étaient difficiles. Je n’aurais pas pensé que cela ira aussi loin, cette violence me faisait peur, c’était la révolution ».

Denise (94 ans) : « les traumatismes de la guerre étaient encore dans nos têtes, on se disait que ça n’allait pas recommencer, cette violence à la télé, la radio qui nous donnait que des mauvaises nouvelles, moi j’étais inquiète aussi ».

Jacqueline (93 ans) : « Moi mon mari était boulanger en ville, la livraison était pas toujours assurée, il pouvait manquer de farine, et le pain manquait, lui l’a mal vécu. Moi je m’inquiétais aussi, surtout pour mes enfants ».