Utiliser les ressources de la planète à faire tourner des datacenters n’est-ce pas le premier pas vers l’extermination de notre espèce ? Marie se pose des questions existentielles bien nécessaires.
Par Marie H.
D’avoir confié à des machines le soin de gérer nos vies n’a pas simplifié nos existences et ne nous a pas rendus plus libres, ni plus heureux. Quels sont les véritables enjeux de ce monde connecté ? Il suffirait d’une faille dans l’exploitation des micro-processeurs équipant la totalité des ordinateurs en fonction pour entraîner certains désastres. Les nouvelles technologies triomphent et nous laissent démunis devant des risques que nous serions incapables de maîtriser.
L’insouciance et l’égoïsme évitent cette inquiétude chez la plupart d’entre nous. Le meilleur de nos actions en vue de contrer le réchauffement climatique se heurte à la soif de profit d’une industrie mondialisée qui engrange les milliards exploitant, de façon éhontée, les ressources de la planète. Les géants de la tech ont réussi, par l’intermédiaire des écrans, à nous rendre complices de leur avidité sans frein. Jusqu’à nous faire utiliser une monnaie fictive (les bitcoins), qui exige pour sa gestion une dépense énergétique importante. Car le fonctionnement des datacenters, installés parfois au-delà du cercle polaire, compromet l’équilibre climatique de la planète. En France, nous possédons un important datacenter situé en Ile de France. Un récent reportage aux actualités télévisées précisait que le datacenter de la Courneuve consomme cinquante millions de litres d’eau par an, nécessaires pour refroidir les circuits et sa dépense électrique s’élève à 130 mégawatts annuels. Il occupe sur cinq étages, la surface d’un stade de foot. Cela n’est qu’un début : trente-cinq datacenters sont prévus dans les années à venir. Devons-nous nous réjouir de tels projets et de l’innovation continue qu’ils suscitent ? L’avenir nous le dira.
Il y a quelques jours, le philosophe Luc Ferry s’alarmait à la télévision de la disparition des nombreux emplois qui allait suivre l’arrivée dans nos vies de l’intelligence artificielle. Ces emplois seront sans doute remplacés par d’autres emplois surqualifiés, réservés à une élite intellectuelle. Ce n’est pas par hasard si la firme Tesla plaide pour un revenu universel afin de pallier cette destruction, destruction qui ne ferait pas ses affaires… Trop de chômeurs provoqueraient en effet des mouvements sociaux déstabilisants.
Avons-nous raison de nous demander si nous sommes destinés à nous exterminer après avoir ruiné la planète ? Ce questionnement pourrait expliquer la mélancolie qui s’empare de nombreux citoyens vivant pourtant au sein de sociétés démocratiques et d’abondance.
Puisqu’il faut, selon la doxa actuelle, toujours positiver, je terminerai par une citation de Bernanos : « L’espérance, c’est le désespoir surmonté ».




