Le Pape François pensait que l’Église devait se moderniser. Mais les révélations concernant les protections dont a bénéficié l’Abbé Pierre ont montré que le clergé restait un milieu conservateur. La modernisation sera un enjeu de taille pour le futur Pape.
Revue de presse de la résidence de la Rose des sables.
Étaient présents : Anne-Marie, Brigitte, Chantal, Dania, Denise, Dominique L, Dominique S, Eliane, Françoise, Jacqueline, Jean-Louis, Liliane, Patricia, Philippe, Renée ainsi que les animatrices, Edwige et Gracinda.
Anne-Marie : Le Pape François était convaincu que l’Église catholique devait s’engager dans la voie de la modernisation ; il a d’ailleurs été critiqué pour cela. Il a aussi été attaqué par ceux qui estimaient qu’il n’allait pas assez loin. Rien ne lui a été épargné. Au début de son pontificat, la curie lui était majoritairement hostile, il a pu ensuite nommer des cardinaux qui lui étaient plus proches mais cela a pris du temps. Malgré les oppositions, il est toujours resté fidèle à ses idées et a su faire preuve d’ouverture pour ceux qui ne rentraient pas dans le cadre traditionnel de la religion ou de la famille.
« Qui suis-je pour juger » ? Cette parole qu’il a prononcée et qui a si souvent été reprise, correspond bien à l’homme qu’il a été.
Brigitte : La modernisation engagée par le Pape est quand même restée modérée. D’un côté, il a timidement accepté l’idée du mariage homosexuel mais n’a jamais rien entrepris concernant l’avortement, laissant ainsi les femmes seules avec leur culpabilité.
Dominique L. : L’évolution de nos sociétés oblige l’Église à se réformer. Depuis le deuxième Concile œcuménique du Vatican que le Pape Jean XXIII avait organisé en 1962, elle cherche à mieux correspondre aux réalités du monde moderne mais cette évolution est restée modérée. Il a fallu attendre que l’affaire Preynat éclate, dans les années 80, pour mettre en lumière le manque de lucidité du clergé face aux abus sexuels.
Le prêtre Bernard Preynat avait agressé sexuellement plusieurs mineurs dans la région lyonnaise, mais le Cardinal Decourtray s’est contenté, pour le sanctionner, de l’éloigner géographiquement, lui accordant ainsi une sorte de deuxième chance. Le Cardinal, qui était pourtant progressiste, n’avait pas du tout mesuré qu’au-delà de ce cas particulier, se dissimulait un problème de fond. A l’époque, l’Église était incapable de prendre de vraies sanctions en pareilles circonstances. Cette affaire a cependant eu le mérite de l’amener mieux prendre en considération les victimes.
Philippe : Cette prise de conscience est quand même très relative, voire insuffisante ; on le voit avec les révélations concernant l’Abbé Pierre. On vient seulement d’apprendre que le Vatican a toujours été au courant de ses agissements de prédateur sexuel mais les a toujours dissimulés. L’Église aurait dû agir, il y a bien longtemps. Mais elle a toujours eu tendance à se protéger. Sur ce point, je ne suis pas sûr qu’elle ait vraiment changé.
Renée : Ce que l’Abbé Pierre faisait en faveur des pauvres semblait supérieurement important aux yeux de l’Église. Si elle l’avait dénoncé publiquement, son action aurait été anéantie. C’est un vrai problème, mais je dois avouer que la situation est assez déconcertante.
Anne-Marie : L’Église a toujours l’espoir que les hommes peuvent changer. Quand on est croyant, on a tendance à penser que le pire n’est jamais promis.
Renée : Je ne sais pas si c’est un bon calcul : les espoirs déçus provoquent de grands dégâts. Pour ma part, je me demande s’il est encore possible de croire.
Dominique S. : Personnellement, je plaçais l’Abbé Pierre très haut dans le Panthéon des personnes que j’admirais. Les révélations qui le concernent ont été un choc considérable pour moi. Heureusement, sa Fondation a réagi avec intelligence sans chercher à nier les faits. Cela me permet de conserver un peu d’espoir.
Eliane : Toutes les religions sont la source de situations vraiment douloureuses. J’ai du mal à comprendre comment des gens peuvent avoir la foi et se rendre coupables de si mauvaises actions.
Françoise : Le problème du célibat des prêtres se pose et fait écho à ce drame. Le refus changer cette règle me semble anachronique. C’est aussi une grande hypocrisie car on a toujours su que des prêtres entretenaient parfois en secret des relations quasi maritales.
Patricia : Ma grand-mère était très pieuse et elle faisait des chapelets à longueur de journée. Elle avait été stupéfaite en apprenant de la bouche de son curé que certains prêtres s’éloignaient de leur diocèse pour mener une vie moins monacale qu’attendue.
Philippe : Il y aurait certainement moins de problèmes d’abus sexuels si les curés pouvaient se marier. Je n’arrive pas à comprendre comment le mariage rendrait impossible leur investissement religieux. Les pasteurs vivent en couple et ne sont pas moins dévoués à leur croyance.
Jacqueline : On l’ignore souvent mais ce sont seulement les moines qui font vœux de chasteté.
Dominique L. : Le célibat des prêtres n’a pas été fondé sur la sexualité. Il a été décidé au 12ème siècle pour des raisons économiques. A l‘époque, quand les prêtres avaient une cure, leurs biens étaient transmis à leurs les enfants quand ils mouraient. C’est pour conserver ce patrimoine que l’Église catholique a imposé le célibat. Chez les maronites, les grecs orthodoxes, les protestants, le mariage est toujours autorisé.
Anne-Marie : Au-delà du mariage, l’égalité entre hommes et femmes progresse au sein de l’Église. Les femmes ont acquis plus de responsabilités au sein des paroisses et elles représentent maintenant presque 25% des employés au sein du Vatican : certaines sont membres de commissions et d’autres occupent des fonctions importantes dans l’administration de cet État. On ne peut pas nier que l’Église devient plus moderne de ce point de vue.
Liliane : Il y a peut-être une progression mais cela reste insuffisant. Il faut que les femmes puissent officier à l’égal des hommes. Une Église moderne est une Eglise où les femmes ont du pouvoir.
Dominique S : Il faudrait que la religion catholique se débarrasse de ses habitudes patriarcales.