La nomination d’un nouveau Premier ministre, loin de rassurer les résidents de l’Ehpad Saint-Joseph, les plonge dans un océan de perplexité. Y a-t-il quelqu’un dans l’avion qui saura dépasser les clivages et impulser un élan commun au pays ? 

Revue de presse à l’EHPAD Saint-Joseph de Sotteville-lès-Rouen.
Étaient présents : Anne-Marie, Christiane, Liliane, Marie, Mireille, Pauline, Pierre, Raphaël, Roger, Rosa, Simone ainsi qu’Athénaïs, animatrice.

Liliane : Cela aurait pu nous réjouir que Sébastien Lecornu, notre nouveau Premier ministre, soit d’origine normande, et plus précisément de Vernon dans l’Eure. En tout cas, il n’y a pas si longtemps, cette origine commune aurait provoqué un peu de fierté pour les régionaux que nous sommes !  Mais comme on sait que sa marge de manœuvre est limitée et qu’il est même déjà question qu’il parte, cette origine nous laisse de marbre. 

Anne Marie : On n’a plus envie de s’attacher aux politiciens. Ils souffrent d’un tel déficit de confiance ! Ils déçoivent tous, les uns après les autres, à commencer par Emmanuel Macron dont j’attendais vraiment mieux.

Liliane : Son élection a engendré l’espoir d’un réel changement. Mais, au milieu de son deuxième mandat, le bilan est bien maigre.

Roger : Peut-être, mais il a été élu et personne ne peut revenir là-dessus.

Anne Marie : C’est vrai, mais ce qu’il fait ne suscite pas l’enthousiasme ! Je me demande comment les jeunes parviennent à se projeter dans l’avenir. La politique menée depuis huit ans donne l’impression que le peuple n’est jamais écouté.  

Liliane : J’ai 80 ans et l’impasse politique dans laquelle se trouve la France aujourd’hui me paraît tellement inextricable que je me détache de tout. Les personnalités politiques ne m’intéressent plus. Elles prennent la parole avec un aplomb incroyable mais elles sont impuissantes. C’est décourageant.

Pauline : De l’extérieur, j’ai parfois l’impression que ceux qui gouvernent la France ne savent plus quoi faire, à tel point qu’ils ne savent même plus quoi répondre aux questions qui leur sont posées ! 

Mireille : Ou alors ils répondent trop vite pour être les premiers à dire une petite phrase qui sera reprise dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Cela donne trop souvent l’impression qu’ils sont dans la réaction et non pas dans la réflexion. En ce sens, ils sont proches des citoyens lambda qui s’expriment à tort et à travers sur des sujets qu’ils ne connaissent pas toujours ! Ce qui génère, hélas, une cacophonie dont il ne ressort rien.

Roger : Les manifestants du 10 et du 18 septembre ont ceci de commun avec les Gilets Jaunes qu’ils font peur et qu’ils ne sont pas écoutés par les politiques.  

Raphael : Les Gilets Jaunes ont représenté un mouvement important et je pensais qu’il en ressortirait quelque chose car leurs revendications s’appuyaient sur des problèmes concrets
Les gens qui y participaient nous ressemblaient, ils n’étaient pas toujours d’accord entre eux mais le plus important à mes yeux était de voir naitre un mouvement populaire. Je pensais que ce mouvement allait faire bouger les choses.

Anne Marie : Les manifestants défendaient leur beefsteak et ils avaient raison. Pour autant, témoigner d’une vie précaire ne donne pas tous les droits. On ne peut pas tout casser, tout bruler.

Liliane : Tout à fait d’accord. On peut manifester, faire grève, s’opposer mais tout bloquer, non ! 
J’ai toujours eu une fibre sociale et je crois aux vertus du vivre ensemble.

Mireille : Il y avait plus d’individualisme qu’on ne le croit dans ce mouvement, les gens défendaient leurs intérêts propres. Mais c’est aussi le cas pour les personnes au pouvoir. Elles pensent quand même beaucoup à elles, à leurs ambitions politiques… Cela manque souvent de hauteur, de soucis du long terme. 

Pauline : Le dernier homme politique en qui j’ai cru est François Mitterrand. Il donnait le sentiment d’avoir une constance et qu’il pouvait s’occuper des gens.

Pierre : La France a été un grand pays mais son rayonnement a beaucoup diminué ces dernières années. Comment pourrait-il en être autrement quand on voit qu’elle est impuissante à régler ses problèmes intérieurs ?