En Bretagne cet été, Martine s’est intéressée à la thématique des îles. Elle nous livre quelques vignettes de ces bouts de terre au milieu de l’eau qui l’ont plus particulièrement attirée.
Par Martine Lelait
Sans trop de préméditation je dois dire, je me suis trouvée embarquée lors de mon séjour estival en Bretagne vers des îles, ces lieux un peu magiques qui donnent à rompre avec la monotonie des terriens.
Cela a commencé par un beau dimanche à Guernesey. C’était pour moi un deuxième voyage à St Pierre-Port, le précédent remontant à 9 ou 10 ans. Mes amis bretons et moi-même avons saisi l’opportunité d’une promotion de la compagnie de ferries qui permettait une traversée à coût réduit dès lors qu’aller et retour s’effectuaient sur la même journée. C’était aussi, depuis le Brexit, une occasion de pouvoir aller vers les îles anglo-normandes sans passeport ni visa parce que justement sur une seule journée mais avec un sérieux passage de contrôle à la frontière dans les gares maritimes.
J’ai revisité avec grand plaisir sur les hauteurs de St Pierre-Port « Hauteville House », la maison de Victor Hugo qui appartient à la Ville de Paris et qui a été rénovée dernièrement. Le génie et la mégalomanie de l’artiste continuent d’y éclater dans toutes les pièces (des monogrammes VH sculptés un peu partout) ! Une merveille à visiter mais dans laquelle je n’habiterais pas volontiers car trop de boiseries très sombres du sol au plafond, trop de tapisseries, trop d’escaliers étroits à mon goût ; au demeurant, le dernier étage tout vitré avec vue sur la mer est extrêmement lumineux, c’est là où Victor Hugo écrivait debout à son pupitre et faisait sécher l’encre de ses feuillets. Reste aussi que l’emplacement de la maison est splendide et son jardin délicieux.
Une autre excursion qui remontait pour moi à plus de 40 ans et dont je n’avais pas gardé beaucoup de souvenirs : celle aux Sept Îles au départ de Trégastel (Côtes d’Armor). La chance nous a souri cet après-midi-là puisque nous avons pu admirer des dauphins de Risso autour du bateau, des phoques très curieux dans l’écume des vagues au pied des îles et le ballet incessant des fameux fous de Bassan dont les nids couvrent la moitié de l’île Rouzic. Des îles paradisiaques et interdites aux humains sauf l’île aux Moines où une escale d’une heure est permise.
Coïncidence, l’Abbaye de Daoulas (Finistère) présentait cet été une exposition appelée « Ile[s] », mêlant habilement les îles du bout du monde et les îles bretonnes, dans une approche à la fois géologique, historique, culturelle, artistique, … Une exposition très riche en peintures, objets, cartes, films…
Une petite partie de cette exposition était consacrée à la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île en Mer avec un reportage dans lequel un ancien éducateur et un ancien pensionnaire se retrouvaient et échangeaient leurs souvenirs. Sur le mur un extrait de la « Chasse à l’enfant » de Jacques Prévert :
C’est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l’enfant
Il avait dit : « j’en ai assez de la maison de redressement »
Et les gardiens à coups de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l’avaient laissé étendu sur le ciment.
Cela m’a renvoyée à ce roman de Sorj Chalandon « l’Enragé » que je venais de lire et dans lequel il raconte l’évasion en août 1934 de 56 gamins de ce bagne pour enfants de Belle-Île ; tous seront repris sauf un, surnommé « la Teigne » dont on suit avec émotion la cavale dans l’île.
Aux dernières nouvelles, j’ai vu passer une annonce de casting : Emmanuelle Bercot, actrice et réalisatrice, est à la recherche d’un adolescent pour jouer le rôle de ce jeune enragé dans le film qu’elle prévoit de tourner début 2026. Un film que j’irai très certainement voir.
Finies les vacances, au revoir les îles et rebonjour le continent !