Nicolas Sarkozy sera resté assez peu de temps en prison. Son incarcération aura cependant suscité énormément de réactions souvent affectives. Peut-on accepter la condamnation d’un homme qui a marqué la vie politique française durant plus de vingt ans ? Peut-on admettre qu’un ancien président soit jugé comme n’importe quel citoyen ? 

Revue de presse de la Maison des Aînés de Rouen. 
Étaient présents :  Alain, Eliane, Françoise, Patricia, Serge.

Ce que vit actuellement Nicolas Sarkozy s’inscrit dans le déroulement logique de la justice française mais la trace laissée par cet homme dans la vie politique française des années 2000 rend cet évènement plus affectif que rationnel.
Durant une vingtaine d’années, Nicolas Sarkozy a été le champion de la droite et la cible de toutes les critiques de la part de la gauche ; inutile de rappeler qu’il a été élu à la présidence de la République française en 2007. A cette époque, les deux camps étaient bien marqués mais pour toute une catégorie de personnes, plus apolitiques, il a aussi été une sorte de compagnon de route. Tout le monde connaissait sa famille, a suivi son divorce au début de son mandat et son mariage avec Carla Bruni, quelques mois après. Cela explique en partie l’émotion suscitée par son incarcération qui a fait suite à une condamnation pas toujours bien comprise dans le cadre d’une affaire compliquée. L’accusation de soupçons de financement libyen durant sa campagne électorale reste pour beaucoup assez floue.
Pour Patricia, l’incarcération immédiate de l’ancien Président est difficile à accepter et il aurait fallu attendre le procès en appel avant de l’incarcérer ; cette procédure est pourtant tout à fait habituelle et elle ne pose pas de problèmes dans d’autres situations. Mais un homme politique aussi important est-il un justiciable ordinaire ? 
Le procès de l’ancien chef de l’État a provoqué toutes sortes de réactions, souvent excessives ; des propos très durs ont été formulés par certains de ses proches contre la justice mais aussi contre les juges. Pouvait-il en être autrement et doit-on s’étonner qu’un procès aussi médiatisé attise autant les haines et les soutiens ?
Dans ce contexte, devrait-on envisager d’accélérer le processus judiciaire ? 
C’est la question posée par Serge qui se demande pourquoi la justice a été si longue ? Fallait-il plus de dix ans pour comprendre les liens qui unissaient Nicolas Sarkozy à Mouammar Kadhafi, l’ancien Premier Ministre de la Lybie ? Il est normal de traiter un ancien chef d’état comme n’importe quel citoyen mais, sachant que cette affaire allait-être particulièrement sensible, il aurait peut-être mieux valu la traiter prioritairement.

Pourtant, dès que l’on aborde le sujet d’une manière plus générale, Alain, Eliane, Françoise, Patricia, et Serge sont unanimes pour reconnaître que la dimension affective ne devrait pas prendre le pas sur l’aspect juridique. Alain ajoutant même « qu’il est réconfortant de voir qu’en France la justice s’applique aux plus puissants de nos représentants. Pendant trop longtemps, nos élus ont semblé intouchables ». Et l’on se souvient des époux Balkany qui ont échappé à la justice durant plusieurs années ou à François Fillon qui semblait ne pas comprendre que l’on puisse lui demander de rendre des comptes dans sa manière de profiter de sa situation d’élu. « Savoir que ces personnes doivent rendre des comptes à la justice comme n’importe quel justiciable est rassurant ».

Le procès de Nicolas Sarkozy met en évidence que le rapport des citoyens avec leur classe politique reste complexe en France. Admiration, attachement, méfiance ou haine : tout s’emmêle. Vu de l’étranger, la condamnation de Nicolas Sarkozy apparait comme un acte de justice tout à fait légitime et la presse internationale s’étonne surtout de l’émotion qu’elle suscite. 
Françoise qui a été infirmière nous confirme avec un certain sourire que « tous les hommes sont faits de la même manière » !