Comme chaque année depuis un peu plus de vingt-cinq ans, le festival Chants d’Elles a enchanté les oreilles des amateurs de voix féminines en Seine-Maritime, le temps de deux semaines de représentations.

Par Stéphane Lecompte 

Né d’une initiative populaire en 2000, et porté depuis par l’association A Travers Chants, le festival normand de la chanson de femmes a su conquérir au fil des années un public friand de découvertes iconoclastes. La volonté des concepteurs n’était pas seulement de permettre à la gent féminine d’obtenir un créneau scénique plus important, mais également de porter leurs messages jusque dans des lieux d’habitude peu enclins à accueillir la culture, en ville comme à la campagne. Cette particularité a popularisé le festival, où le métissage et l’esprit vagabond des interprètes ont percé l’âme des spectateurs jusqu’à la moelle de l’émerveillement.

Cette année 2025, c’est du 1er au 16 novembre qu’il s’est déroulé, principalement dans l’agglomération rouennaise et dans le pays de Bray. De son ouverture, dans un café du quartier du Robec à Rouen, jusqu’à sa conclusion à Déville-lès-Rouen, ce sont 36 concerts – comme 36 chandelles – qui ont célébré la voix féminine. Dans des centres culturels, des librairies-cafés, des médiathèques, des cinémas… ou encore au CHU de Rouen ou à l’Hôtel de Ville, des artistes confirmées comme Gabi Hartmann ou Sarah Lancman ou en devenir, locales – comme Amélie Affagard bien connue des Curieux Aînés – ou venant d’autres terres, comme Marino Matthews originaire du Liban, ont fait briller leur talent. 
Coupe budgétaire oblige, cette année le festival qui tournait auparavant sur trois semaines depuis quelques années a dû revoir son ambition à la baisse et a proposé une semaine de concerts en moins. Pour cette édition, Ludwig Brosch, programmateur et coordinateur du festival, avait mis particulièrement l’accent sur le jazz. Mais la world music, le rock et la chanson française n’ont pas été oubliées pour autant car, comme il a expliqué en préambule du festival : « C’est l’expression féminine qui prime, il y aura donc aussi des concerts purement instrumentaux comme celui du quatuor contemporain Kaija, mais aussi celle d’une jeune franco-palestinienne, Christine Zayed ». Le poids de la politique s’effaçant alors devant la voix universelle.

Malgré les difficultés financières susdites, plusieurs représentations, selon la volonté organisatrice initiale, étaient gratuites et ont permis de toucher un public éloigné des lieux de spectacle traditionnels. Et si la bataille culturelle s’avère toujours plus difficile à mener, c’est bien la passion d’organisateurs opiniâtres, tels que les acteurs du projet Chants d’Elles, qui permettra aux rêves d’attiser notre curiosité naturelle, axée sur la découverte. Et celle-ci est bien intemporelle.