L’été s’est installé avec sa chaleur parfois excessive. Et ses menaces de canicules. Comment notre rapport au soleil a-t-il évolué avec le temps ? Cela a été l’objet du dernier débat de la saison avec les résidents de l’Ehpad Saint-Joseph. 

Revue de presse à l’EHPAD Saint-Joseph de Sotteville-lès-Rouen.
Étaient présents : Arlette, Claude, Guy, Liliane, Marie, Paulette, Raphaël, Rosa, Roger, Simone ainsi qu’Athénaïs, animatrice.

Mireille : A l’EHPAD, on se protège du soleil. En été, les volets de ma chambre restent fermés à cause de la chaleur. Je n’aime pas être dans le noir mais je ne supporte pas la chaleur non plus.  Plus jeune déjà, j’avais une préférence pour les pays tempérés, la montagne. J’aurais aimé vivre dans un pays froid. 

Raphael : Quand il y a du soleil, je cherche l’ombre. Pourtant, quand j’étais jeune, j’adorais le soleil et je me souviens avec plaisir des voyages de ma jeunesse. Mes parents partaient en vacances hors saison pour payer moins cher. J’allais à Marseille et surtout en Croatie, je restais sur la plage et je me baignais ; je n’aimerais plus cela à présent. Je fais des allergies et le soleil me donne des boutons. En réalité, j’en ai toujours fait mais quand j’étais enfant personne n’y faisait attention. Ma mère me mettait de la pommade et un chapeau pour me protéger du soleil et voilà tout. On ne souciait pas trop de ces choses-là, auparavant.

Marie : Maintenant, les crèmes solaires sont de meilleure qualité, ce qui n’était pas le cas dans les années cinquante, où elles n’empêchaient de griller. J’habitais à Quimperlé, en Bretagne, et je travaillais aux champs tout l’été. Tout le monde mettait un chapeau de paille pour se protéger mais on cramait quand même. Je profitais du dimanche pour aller à Larmor plage à Lorient en vélo, j’y passais la journée et j’en revenais toute brûlée. Et chaque année, cela recommençait. 
Quand nous avons emménagé à Rouen pour le travail de mon mari, on a continué à retourner à Lorient tous les ans. Les plages sont très belles là-bas. 

Liliane : Moi, je ne partais pas en vacances durant l’été. Fille d’agriculteurs dans l’Eure, je continuais à glaner dans les champs et quand il faisait trop chaud, j’allais me rafraichir dans la forêt d’à côté.
Adulte, je suis allée plusieurs fois en Bretagne, à Cancale principalement. Quel émerveillement, la découverte de ces paysages ont produit sur moi. Je m’en souviens encore. Plus tard, j’ai adoré le Danemark. Le climat me correspondait bien ; c’est d’ailleurs là-bas que j’ai le plus profité du soleil et que j’ai le plus bronzé ! J’ai aussi visité la Tunisie mais il y fait trop chaud, cela coupe l’envie de bouger. Or, quand je pars en voyage, c’est pour voir du pays, pas pour faire bronzette.

Arlette : Je n’ai jamais considéré le soleil de l’été comme un temps propice aux loisirs. Mon mari et moi possédions une exploitation agricole de 8000 m2 et des moutons dont il fallait s’occuper, toute l’année. Nous prenions les saisons comme elles venaient mais, été ou hiver, cela ne changeait pas grand-chose. Ce sont nos enfants qui profitaient des beaux jours. On avait une grande grange dans laquelle ils aimaient jouer. 

Mireille : Adulte, j’ai toujours eu l’impression que le soleil était une invitation à sortir et à rencontrer des gens mais avec le recul, je réalise que j’ai souvent été déçue. Mes voyages ne m’ont jamais permis de m’intégrer ; je restais une touriste et je n’avais pas tellement l’occasion de parler avec des gens du pays. En Autriche, il y avait souvent des soirées organisées qui permettaient de rencontrer du monde mais surtout des touristes.
Finalement, c’est durant les colonies de vacances de mon enfance que j’ai le mieux profiter de l’été. Je partais avec les enfants de la commune Grand-Quevilly, on allait à Gouville-sur-Mer dans la Manche. J’ai adoré cette ambiance de découverte. Il y avait des enfants de tous les âges mais les filles et les garçons étaient séparés. Chez les filles, l’esprit de bande qui régnait était formidable et on faisait pas mal de bêtises. La première fois que nous sommes arrivées à la plage, nous avons été directement dans l’eau, malgré les interdictions. Quand on se promenait, on piquait des pommes pas mûres, mais comme j’avais un corsage rouge, je me faisais souvent repérer.

Simone : Quand j’ai pris ma retraite, mon mari et moi nous sommes offerts un voyage jusqu’au pôle Nord, pour voir le soleil de minuit. C’était magique.  On avait l’impression que la vie ne s’arrêtait pas et que la journée continuait indéfiniment. C’était très spectaculaire. On s’adaptait à un autre rythme et on perdait nos repères.

Paulette : Pour moi, l’idée de l’été me ramène dans l’atelier de couture de ma mère. Elle travaillait à son compte et s’était spécialisée dans la haute-couture. En fonction des commandes, elle confectionnait des vêtements qui ressemblaient à ceux que pouvaient proposer de grands ateliers comme Dior ou Balmain… Ses clientes se vantaient même de porter des originaux, ce qui était tout à fait faux.
A l’époque, les jeunes femmes moins riches pouvaient porter des petites robes d’été très légères et très colorées. C’était très joli et pas trop cher. On les trouvait dans tous les magasins mais moi, je portais celles que ma mère m’avait faites et je me souviens des tissus fleuris et des couleurs chatoyantes dont elle se servait. Je me sentais belle.