Changer de ville pour se rapprocher de ses enfants et investir un lieu plus adapté à l’avancée en âge n’est pas une décision facile. Pas simple non plus de recréer à sa nouvelle adresse un réseau social et amical. Claudie vient pourtant de relever ces défis !

Par Claudie Perrot

Après le décès de mon mari, je suis devenue rouennaise, en juin 2020. 
Havraise depuis longtemps, ma décision a été dictée par la raison. Quand on quitte sa ville de cœur, on perd ses habitudes matérielles et la connaissance de l’environnement local, on renonce à ses voisins, à sa participation à la vie associative et on s’éloigne de son réseau d’amis.
Mais en prenant de l’âge, il est raisonnable d’anticiper les problèmes de santé et d’incapacité physique qui risquent de surgir. Or mon habitation et surtout l’entretien du jardin étaient devenus trop lourds à gérer pour moi seule.
Ma famille proche, enfants et petits-enfants, sont rouennais pour la plupart. Leur soutien et leur présence sont précieux et, en cas d’urgence, ils sont facilement joignables.
C’est pour toutes ces raisons que j’ai choisi un autre lieu de vie mais… c’était sans compter sur le confinement imposé par le Covid. 
Il est difficile de faire de nouvelles rencontres, de s’inscrire dans des activités culturelles ou sportives, d’adhérer à de nouveaux projets en période de confinement et de fermeture de tous les lieux de culture et de loisirs. 

Il a fallu attendre que la vie reprenne un cours à peu près normal pour que je puisse me mettre à habiter ma nouvelle ville. En découvrant notamment ses musées et sa bibliothèque.
Lors d’une rencontre tout à fait fortuite, une dame m’a indiqué l’existence de la Maison des Aînés. Je m’y suis rendue et me suis inscrite, dans un premier temps, aux séances d’aquagym pour la rentrée de septembre 2021.
Hélas ! Ce mois de septembre, une mauvaise chute a altéré ma mobilité et m’a immobilisée pendant plusieurs mois avec interdiction de pratiquer la natation.
Ces longs moments passés chez moi ont été l’occasion de faire le point et d’envisager de nouveaux projets : ma participation aux Curieux Aînés en est la confirmation.
Il n’est pas facile de s’intégrer dans un nouveau lieu. Il me faut apprivoiser la solitude qui sera dorénavant la mienne. Les promenades en bord de mer me manquent. Pourtant, je ne dois pas tomber dans le piège de la comparaison avec ma vie d’avant. Pour cela, une bonne capacité d’adaptabilité est nécessaire. Se reconstruire une nouvelle vie demande du temps. Il y aura des échecs, des personnes ne donneront pas suite à mes initiatives de rapprochement, c’est inévitable. Je n’oublie pas que si on peut se sentir seul et perdu à un moment, tout peut être différent le lendemain.  Changer de ville offre aussi la chance de se réinventer. Avec optimisme et persévérance, tout peut arriver.