La crise du Covid 19 n’est pas sans conséquence sur le moral. Koffi en a fait l’expérience. Résultat, il se demande à quoi ça sert de vivre longtemps, si c’est pour vivre seul et isolé. 

Par Koffi

Nous, les anciens, comme on nous nomme, venons de vivre une grande calamité. Oh, je ne veux pas parler de guerre. Si notre génération « cahin-caha » a eu le bonheur de traverser cette vie sans trop d’accros, elle a été confrontée à un virus, qui est venu affaiblir la planète. Et s’en est pris particulièrement cruellement aux plus vieux. Quand il ne les a pas terrassés, il les a réduits au silence et à l’isolement.  

Résidant dans une zone d’activité artisanale, loin de mes enfants, entourés de voisins tétanisés par la peur du virus, je n’ai, durant le confinement, pas reçu un seul appel téléphonique provenant de l’équipe communale, ni une seule visite, y compris de la part des travailleurs sociaux qui venaient me voir régulièrement avant la crise du Covid. Ah, je suis mauvaise langue : le service sanitaire de ma commune m’a tout de même livré un masque. 

Existe-je encore, me suis-je souvent demandé durant cette période ? N’ai-je pas été oublié par ma commune ? Et sorti de la liste des électeurs ?  Je sais que les prochaines élections me prouveront bientôt que non. Quand il s’agit de récupérer ma voix, on se souvient où j’habite. 

J’ai l’air de me plaindre et pourtant, je suis bien heureux de vivre chez moi. Et non dans un Ehpad, qu’on appelait du temps de ma jeunesse, un hospice pour vieux. Le nom a changé, les locaux se sont modernisés, mais pour avoir rendu visite à des résidents, avant le Covid, je sais bien que la prise en charge reste soumise à une forme d’infantilisation. « On a bien dormi ? On a bien pris ses médicaments » ?  Quelle triste manière de finir sa vie, surtout que parfois les toilettes sont vite expédiées et que cela ne sent pas la rose dans les couloirs. 

Mais pourquoi vivre si longtemps, si c’est pour vivre une retraite aussi ennuyeuse et déprimante ?