Interview de Marie FOUQUET, 47 ans, nouvelle élue au conseil municipal de Rouen.

Par Martine Lelait

Dans les grandes villes où peu de conseils municipaux ont été élus dès le 1er tour, la campagne électorale aura été particulièrement longue par la faute de la COVID puisque le 2ème tour ne s’est tenu que le 28 juin 2020. 

A Rouen, au 2ème tour, ne restaient que deux listes en présence, la liste « Fiers de Rouen » conduite par Nicolas MAYER ROSSIGNOL (PS) adoubé par Yvon ROBERT maire sortant et arrivé en tête au 1er tour avec 29% des voix et la liste « Au cœur de Rouen » conduite par Jean-François BURES (ex LR) arrivé en second avec 23% des voix.

Le 28 juin, c’est la liste Fiers de Rouen rejointe par EELV, elle-même associée au PC et à Génération.s, qui a remporté les élections avec 67.12 % des suffrages et ainsi 46 sièges sur les 55 que comporte le conseil municipal.

Parmi les 14 adjoints au maire, 6 sont de nouveaux élus issus de la société civile. Dès après l’installation du conseil, Paris Normandie a commencé à interviewer ces nouveaux et nouvelles adjoint.e.s, les un.e.s après les autres, pour que les rouennais puissent mieux les connaître.

Pour ma part, en tant que « journaliste en herbe », j’ai choisi de rencontrer cet été une élue à laquelle Paris Normandie ne s’était pas encore intéressé,  une élue sans mandat d’adjointe et sans délégation particulière, Marie Fouquet, qui a accepté ma proposition très spontanément et avec beaucoup d’humour puisque se considérant dans ce 1er mandat comme une élue elle aussi « en herbe » !

Pour mieux situer les choses, il vous faut savoir que j’ai fait la connaissance de Marie avant même cette campagne des municipales puisque nous nous sommes retrouvées, consentantes embarquées,  comme un grand nombre de rouennaises et rouennais, dans ce collectif Fier.e.s de Rouen créé au printemps 2019 pour mobiliser toutes les énergies citoyennes volontaires pour réfléchir à un projet pour Rouen. De nombreux groupes de travail ont alors été mis en place pour réfléchir tous azimuts et sans censure aucune, en matière d’environnement, de culture, d’éducation, de social, de santé, de solidarité, d’insertion, de sport, de vie associative… Les réunions ont été nombreuses, les discussions vives et les confrontations de points de vues animées. De réunions en réunions, de marchés en marchés, de porte à porte en porte à porte, au fil des mois,  j’ai découvert Marie et je suis contente et fière de la voir aujourd’hui siéger au conseil municipal.

-Alors ce 1er mandat, 1ères impressions ?

Un mélange de sentiments très forts : de l’humilité bien sûr, de l’émotion que je n’ai pas cachée au moment de l’élection et une grande fierté ; je considère en effet comme un véritable honneur le fait d’être élue au service de tous les rouennais. Néanmoins, lors de mon 1er conseil municipal, j’ai ressenti une émotion m’évoquant celle accompagnant mon entrée au collège à 10 ans ! Je sais avoir encore plein de choses à apprendre mais portée par le formidable élan de solidarité impulsé par notre groupe et son chef de file, j’entends bien mettre toute cette énergie à profit dans ce mandat.

– Peux-tu expliquer comment tu as été amenée à te présenter sur une liste électorale et en particulier celle de Nicolas Mayer Rossignol ?

Etre élue n’était nullement un projet au départ ! C’est une démarche qui s’est faite par étapes. Au démarrage, j’ai été sollicitée en  février ou mars 2019, au moment de la constitution du groupe Fier.e.s de Rouen pour participer aux réunions de réflexion sur l’école puisque c’est le domaine que je connais le mieux.  Ces travaux du collectif ont duré plusieurs mois au cours desquels nous avons pu identifier les leviers sur lesquels peser et ainsi améliorer le fonctionnement au niveau des écoles. Ce fut aussi un challenge important pour moi pour m’obliger à sortir de ma « zone de confort » puisque j’ai été amenée à prendre la parole publiquement pour un petit discours lors du grand meeting à la Halle aux Toiles. Et puis quand Nicolas MAYER ROSSIGNOL m’a proposé de figurer sur la liste électorale ce fut là un très grand honneur et une grande responsabilité. 

-Pour avoir croisé dans le passé ton père, je sais qu’il a été lui aussi élu ; est-ce que ça a pesé dans ta décision ?

 Cela a contribué à ce que je ne méconnaisse pas ce que représente un mandat électif ; je sais pertinemment ce que cela suppose. En effet,  depuis  toujours j’ai vu mon père exercer des fonctions  d’élu,  comme maire de Fresnoy Folny puis comme conseiller général. Toute petite,  je le suivais déjà lors des campagnes électorales. Peut-être cela m’a-t-il donné le goût de l’engagement ? J’étais très  fière en tout cas qu’il soit présent, accompagné de ma mère et de mon frère, lors de l’installation du nouveau conseil municipal.

-Peux-tu expliquer, pour qu’on te connaisse mieux, d’où tu viens, ton métier, ton parcours ?

J’ai  47 ans et j’enseigne depuis près de 25 ans en école élémentaire.  J’ai passé toute mon enfance dans la région de Londinières où j’ai pratiqué le handball de 5 à 20 ans, c’est dire que l’esprit d’équipe, je sais ce que ça veut dire ! J’ai commencé ma carrière d’institutrice dans le Pays de Bray, passé 4 ans à Albi puis je suis revenue à Rouen en 2003. Depuis 2006, j’ai toujours eu des classes de CP et depuis plusieurs années j’assure aussi la fonction de directrice. De par cette fonction au carrefour des parents d’élèves, des collègues, des représentants de l’Education Nationale, de la Ville,  j’ai souvent été amenée à faire preuve de diplomatie et d’écoute, qualités qui,  je le pressens, vont m’être utiles dans mon nouveau rôle d’élue.

-Sur quels sujets travailles-tu  prioritairement  au sein de ce conseil ?

Je n’ai ni mandat d’adjointe, ni délégation thématique particulière mais j’ai l’honneur d’avoir été nommée coprésidente avec Kader Chekhemani du groupe Fier.e.s de Rouen. A ce titre, je travaille avec les présidents des autres groupes politiques, pour préparer les différentes réunions du conseil,  examiner les rapports qui ont ou non à être débattus en séance, ce qui est  tout à fait passionnant  car j’ai ainsi à toucher, non pas à un domaine en particulier, mais à l’ensemble des sujets.  

-Tu es en fonction maintenant depuis plus de 3 mois. Est ce que tu as pu, notamment au moment de la rentrée des classes,  jouer ce rôle que tu imaginais de faire remonter les difficultés du terrain et contribuer à améliorer ce qui peut l’être ou au contraire crains-tu d’être confrontée à un sentiment d’impuissance ?

Depuis 3 mois maintenant, je travaille, j’écoute et j’apprends de l’expérience des élus qui m’entourent tout en essayant d’apporter un œil neuf lors des différents échanges. Sans surprise, je prends la mesure de l’investissement de mes collègues, élus municipaux, ainsi que de celui des personnes  travaillant dans les différents services à la Ville. Je peux témoigner du grand engagement de chacun.

Je continue à rester attachée à la réalité du quotidien en étant toujours présente dans mon école et pouvoir ainsi témoigner des difficultés ou réussites du terrain et participer ainsi à certaines prises de  décisions.

J’ai aussi eu le privilège de célébrer plusieurs mariages : très grand honneur et émotion garantie !

Est-ce que ce nouveau mandat a modifié des choses pour toi dans ta vie personnelle ?

Oui absolument. Je veux dire quelque chose qui me tient tout particulièrement à cœur. Pour avoir vu ma mère œuvrer toute sa vie dans l’ombre de mon père, je veux  dire que si j’ai pu me consacrer à cette campagne électorale et maintenant à mon mandat de conseillère municipale, c’est grâce à mon compagnon qui, dans l’ombre, donne aussi de sa personne pour me permettre cet engagement,  sans que ce soit au détriment de notre fille et de notre vie de famille.