C’est quand l’adolescence, s’interroge Claudie ? Quand les petites filles se transforment en Lolita ? Et est-on encore adolescent lorsqu’on est un Tanguy ? Regard sur cette étape de vie qui fait changer de carapace. 

De Claudie Perrot 


Dans l’Antiquité, « adulescens » signifiait celui qui est en train de croître. Cela ne correspondait à aucune catégorie d’âge en particulier. Pendant très longtemps, on est passé de l’enfance à l’âge adulte et ce n’est qu’au milieu du 19e siècle, au moment du développement de l’ère industrielle, que le mot adolescence est apparu dans notre vocabulaire. 
La transition de l’enfance à l’âge adulte est un moment important dans la vie. Mais, si la puberté apparaît de plus en plus tôt, il ne faut pas négliger qu’entre 7 et 10-12 ans, période qu’on appelle parfois l’ado-naissance, le petit d’homme reste un enfant !  Pendant cette étape, il est important qu’il puisse s’investir dans sa scolarité ou dans un sport ou dans une activité créatrice car ces activités vont le valoriser et lui donner confiance en lui.

Hélas, aujourd’hui notre société va trop vite : on fait passer les enfants du stade bébé au stade de l’adolescence. C’est particulièrement visible concernant les filles dont les tenues vestimentaires sont sexualisées très tôt et les transforment en Lolitas. Autrement dit en objets de désir, ce qui les incite à fonctionner comme des jeunes filles alors qu’elles ont encore un corps d’enfant.
Les parents participent également cette accélération de la sortie de l’enfance en favorisant tout ce qui peut rendre leurs enfants autonomes et mûrs rapidement. Quel curieux paradoxe quand on pense qu’eux-mêmes refusent de vieillir !  Rappelons-le : l’adolescence n’est pas une maladie, c’est une étape nécessaire et l’impact de l’adolescence sur le comportement des jeunes est normal. Ils doivent quitter le l’enfance, se défaire d’une carapace devenue trop étroite pour en acquérir une autre, comme l’a expliqué la pédopsychiatre Françoise Dolto dans son célèbre livre « le complexe du homard ». Voilà pourquoi au cours de la mue, les jeunes peuvent se montrer vulnérables, agressifs ou repliés sur eux- mêmes.  
Même lorsqu’ils deviennent compliqués, il est primordial que le dialogue avec leurs parents reste vivace. Savoir qu’ils peuvent se confier sans être jugés voire punis, même en abordant des sujets sensibles comme sa sexualité, la drogue…, leur permettra de se sentir en sécurité. Et de nourrir les liens avec les adultes. 

Mais, quand donc se termine l’adolescence ? La majorité légale à 18 ans donne la possibilité aux ados d’acquérir des responsabilités administratives : droit de vote, de conduire un véhicule, d’ouvrir un compte bancaire autant de possibilité pour accéder à une vie en  autonomie.
Pour ma part, je pense qu’on cesse d’être adolescent quand on finit ses études, qu’on obtient son premier emploi, qu’on emménage dans son appartement et qu’on devient indépendant financièrement.
Depuis quelques années, on parle souvent du « phénomène Tanguy » d’après un film du même nom d’Etienne Chatillez, sorti en 2001. L’expression évoque les jeunes adultes qui tardent à quitter leur famille. Il est vrai que le chômage, les bas salaires, les études longues et les loyers trop élevés sont des facteurs favorisants la difficulté à prendre son envol. Sans oublier la peur de se retrouver seuls. Parfois, les parents ont du mal à lâcher leurs enfants et maintiennent autour d’eux un climat de surprotection. Je pense que le plus beau cadeau que des parents puissent faire à leur enfant, c’est l’autonomie. C’est l’autonomie qui le rendra responsable et indépendant pour qu’il n’ait pas peur de l’avenir.