Le « Rire Médecin » est une association composée de comédiens-clowns qui interviennent dans de nombreux services pédiatriques en France pour offrir des spectacles à des enfants malades. Marc Mauguin en fait partie. Il a été l’invité d’un récent « Café Curieux des Curieux Aînés ».
Par Françoise S.
Avant de devenir comédien-clown au sein du Rire Médecin, Marc Mauguin était professeur de lettres dans un lycée où il initiait ses élèves au théâtre. Lui-même comédien amateur, il a décidé de suivre une formation artistique complète au théâtre-école « Le Samovar » en Seine-Saint-Denis où l’art du clown est enseigné.
Sa première apparition en scène avec un nez rouge a été une révélation : il a instantanément provoqué l’hilarité parmi des spectateurs. Alors, il n’a plus hésité : il a décidé que c’est qu’il voulait faire. Grâce à son formateur, il a pu rapidement intégrer « Le Rire Médecin » et endosser le métier de clown.
Au début, il pensait s’arrêter au bout de quatre ans, mais la sensation d’apporter du soulagement aux enfant l’a incité à persévérer. 18 ans plus tard, il est toujours là, enthousiaste. Il affirme « vivre d’extraordinaires moments d’émotion sans ressentir de lassitude ».
Certains restent gravés dans sa mémoire. Il se souvient notamment de cette mère au physique imposant rencontrée à l’hôpital Ambroise Paré, en 2021. Elle serrait dans ses grands bras son tout petit bébé qui pleurait sans qu’elle parvienne à le calmer. Albert Pink, le nom de clown de Marc Mauguin, accompagné de sa partenaire Paprika, a improvisé sur le thème : « Qu’on est bien dans les bras de sa maman ». Le bébé réussit à s’endormir et la maman sourit avec le pouce levé en signe de victoire.
Le « Rire médecin » intervient dans les hôpitaux pour apporter réconfort et bonheur aux enfants, surtout pendant les soins qui peuvent être douloureux comme les chimiothérapies. S’ils sont grimés et habillés de vêtements très colorés, ils n’oublient pas de mettre de la délicatesse dans leurs interventions. Ils se présentent toujours en binôme et s’adaptent aux situations qu’ils rencontrent en utilisant souvent le chant et la musique.
Une certaine complicité se tisse entre les clowns et le personnel de l’hôpital, y compris avec les médecins. Avec le temps, clowns et soignants en arrivent même à échanger des transmissions sur les petits patients, l’objectif étant d’éviter que certains sujets soient abordés ou, au contraire, de pouvoir comprendre autrement leur ressenti vis-à-vis d’un traitement. Dans les situations les plus délicates, il arrive que les clowns connaissent le diagnostic d’un enfant avant ses parents ; les clowns restent évidemment très discrets et appliquent à leur manière un « secret médical ».
Les parents ne sont pas tous favorables aux visites des clowns dans la chambre de leur enfant et leur volonté est respectée. Mais quand ils les acceptent, ils en retirent eux aussi de la sérénité.
Les adolescents ne constituent pas un public facile pour les clowns. Leurs interventions sont parfois jugées ringardes. Mais les artistes savent adapter leur répertoire pour satisfaire ce public plus âgé.
Mais dans l’immense majorité des cas, les enfants attendent la visite des clowns avec impatience.
Les comédiens-clowns du « Rire Médecin » ont leurs jours de passage dans la semaine, toujours les deux mêmes. D’ailleurs, quand des enfants quittent l’hôpital et reviennent pour des consultations, ils privilégient ces jours-là.
Mais il n’est pas question ici de prétendre que les clowns aident à la guérison. A l’instar des comédiens de théâtre qui nous divertissent, les clowns délivrent pour un temps les enfants et leur famille de leurs soucis.
Il arrive d’ailleurs que des enfants ne guérissent pas. Dans ces moments de deuil, les clowns retirent leur tenue colorée et viennent dire sobrement aurevoir à celui qu’ils auront accompagné aussi longtemps que possible. Quel courage !
« Le Rire Médecin » compte 34 années d’existence, et regroupe 150 clowns dans toute la France. 100 000 enfants sont visités par an dans 80 services pédiatriques et 20 hôpitaux.
Ce partage d’expérience durant le Café curieux des Curieux Aînés a été l’occasion de ressentir de fortes émotions. Il nous a rappelé aussi que vieillir est une chance malgré les maux que nous pouvons ressentir. La souffrance des bébés ou des enfants est intolérable et surtout leur disparition. « Le Rire Médecin » les aide à mieux vivre leurs journées d’hospitalisation, on ne peut que les en remercier.