L’Intelligence Artificielle et ses performances génèrent beaucoup d’articles dans la presse. Le sujet suscite beaucoup de peurs et une certaine perplexité au sein de la Résidence Autonomie de la Rose des Sables. Mais n’est-ce pas le lot toutes de tous les progrès d’être d’abord accueillis avec scepticisme ?
Revue de presse à la résidence autonomie la Rose des sables à Rouen.
Étaient présents : Brigitte, Josette, Yvonne, Renée, Jacqueline, Jean-Louis, Vincent, Elisabeth, Serge, Chantal et Edwige, animatrice.
L’Intelligence Artificielle dans tous ses états
Serge : L’Intelligence Artificielle (I.A.) ne cesse de se développer. Elle concentre des sommes incroyables d’informations et de données grâce auxquelles un programme comme Chat GPT peut, sur une simple demande, écrire un roman en imitant le style d’un auteur ou s’inspirer d’un texte préexistant. A la fin, on ne sait plus ce qui est vrai ou pas. L’Intelligence Artificielle permet aussi de faire dire ce que l’on veut à des personnalités politiques. Quand on pense à toutes les élections qui vont se dérouler cette année à travers le monde, on peut s’inquiéter.
Josette : Lors des dernières élections aux États-Unis, en 2020, les Russes sont visiblement intervenus pour tenter d’influencer le résultat.
Renée : Je ne comprends pas à quoi toutes ces inventions servent, concrètement, mais je ne suis pas sûre que cela soit une bonne chose.
Serge : Dans certains domaines, l’IA permet de remplacer les hommes. Des professions risquent d’être supprimées. Dans la presse par exemple, des équipes de rédaction ont déjà été réduites. Mais ce sont des phénomènes que l’on a déjà connus à l’époque de l’industrialisation quand beaucoup de machines ont été inventées et que nombre de travailleurs ont dû changer de métier. Finalement, le monde s’adapte.
Josette : Pour la médecine, l’Intelligence Artificielle va aussi apporter du changement. Forte de toutes les informations qu’elle reçoit, elle peut analyser presque instantanément des situations et proposer des soins adaptés à chaque personne en fonction des symptômes qu’elle présente. Cela concerne des formes complexes de maladies comme les cancers. On peut donc espérer que cela soit un progrès mais rien n’est jamais certain.
Serge : En fait, l’I.A. propose des traitements mais c’est le corps médical qui décide. On peut se demander toutefois quelle sera la place des hommes à l’avenir.
Josette : Au Japon, ils ont commencé à mettre des robots pour s’occuper des personnes âgées.
Jacqueline : L’humanité a toujours travaillé dans le sens du progrès sans jamais faire demi-tour. Avant l’arrivée de nouvelles découvertes ou de nouveaux appareils, on n’imagine pas les services qu’ils peuvent rendre ! On n’en a pas besoin mais une fois qu’on y est habitué, il est difficile de s’en passer.
L’électroménager comme un nouveau confort.
Elisabeth : Le permier appareil électroménager que j’ai acheté c’était une machine à laver. Je vivais encore avec mes parents qui avaient l’habitude de tout laver à la main ; je devais les aider mais je n’avais pas envie de passer mon temps à frotter le linge. Comme je travaillais, j’avais assez d’argent pour acheter une machine. C’est moi qui ai pris la décision, mes parents ne l’auraient jamais prise ; ils faisaient la lessive tous les lundis et trouvaient que ça fonctionnait très bien comme ça. Pour eux, toutes ces inventions modernes étaient inutiles. Moi, je voulais me soulager pour mieux profiter de ma vie.
Yvonne : Quand je me suis mariée, j’ai acheté un lave-linge pour me faciliter la vie et mon mari acheté un frigidaire. Il pensait surtout à le remplir de bières, chacun ses priorités : il était dans le plaisir moi, dans la réalité. D’ailleurs pendant longtemps, les enfants m’ont offert des cadeaux utiles, pour la fête des Mères. A la fin je leur ai dit de m’offrir des cadeaux vraiment pour moi. Des cadeaux qui font plaisir. Comme j’aime lire, j’ai reçu beaucoup de livres, j’accepte aussi les chocolats et les fleurs.
Renée : La contexte était différente avant : il y avait moins d’argent et on profitait des occasions comme la fête des Mères pour offrir des cadeaux utiles qui coûtaient cher autrement. A l’époque, il fallait faire des crédits pour s’offrir des appareils électroménagers.
Elisabeth : C’est vrai ! J’avais beau travailler, c’est en prenant un crédit que j’ai pu m’acheter un aspirateur ; je trouvais que c’était formidable, ça allait plus vite et ça nettoyait tout.
Le grand magasin de l’époque s’appelait les Arts Ménagers, c’est là que j’ai acheté mon aspirateur. Quand mon crédit a été bien payé, j’ai reçu un certificat de bon payeur.
Jacqueline : Moi, j’ai acheté une cireuse. J’avais une maison avec du parquet, la cireuse m’évitait beaucoup de fatigue surtout quand j’étais enceinte. Je n’avais plus besoin de décrasser, frotter à la paille de fer, cirer à la main… C’était mon mari qui payait, il n’aidait pas du tout mais il se rendait compte que certains travaux étaient durs. Quand j’ai déménagé, il y avait du parquet vitrifié, c’était encore mieux.
Renée : Moi, le progrès que j’ai le plus apprécié, c’était le fer à repasser. On n’avait qu’à le brancher et ça chauffait. Si je compare avec les fers en fonte, on ne gagnait pas trop de temps, mais de la peine, ça oui ! C’était bien plus pratique. Et maintenant avec la vapeur, c’est encore mieux.
Brigitte : J’ai beaucoup apprécié mon premier lave-linge. J’avais l’impression de passer mon temps à frotter des draps sans jamais profiter de la famille et des amis.
Jacqueline : Ça n’a jamais été passionnant de faire la lessive !
Renée : Le lave-linge, ça a été miraculeux ! Le monde est devenu plus simple.
Jacqueline : Les femmes étaient moins esclaves.
Josette : Frigo, lave-linge, c’était le top.
Jean Louis : J’ai beaucoup aimé posséder un tourne disque. J’écoutais des 45 et des 33 tours. De temps en temps, on m’offrait des disques.
Chantal : Chez moi, il y avait un tourne-disque pour la famille. On écoutait Sheila, Mireille Matthieu…
Des progrès qui nous concernent tous.
Josette : Jusqu’en 1954, j’ai été éclairée à la lampe à pétrole. L’arrivée de l’électricité a constitué un progrès considérable, et surtout l’éclairage, la lumière. C’était la fée électricité ! Ma famille était pauvre et nous vivions à la campagne ; et tout d’un coup, je pouvais lire quand je voulais.
L’eau est arrivée plus tard et les toilettes sont restées au fond du jardin pendant encore quelques temps.
Vincent : Ma grand-mère vivait à la campagne elle aussi. Je me souviens des toilettes sèches et de l’eau froide qui venait de la citerne pour se laver. On ne trainait pas sous la douche, chez ma grand-mère. L’eau chaude, c’est quand même très agréable.
Yvonne : Il faudrait aussi parler du développement des transports en commun, du métro, du tramway, tout ce réseau qui permet d’aller partout en ville. Maintenant que je n’ai plus droit de conduire, tout cela est vraiment appréciable sinon, je ne sais pas ce que je serais devenue.
Serge : Pour en revenir au monde virtuel, la plus grande invention pour moi, c’est internet qui donne accès à toutes les informations et à la culture. On peut voir les documentaires en streaming, écouter de la musique ou suivre des conférences sur la peinture. On peut aussi trouver toutes sortes de références utiles.
Enfin, c’est aussi pratique pour garder le lien avec ses proches : tous les dimanches soir, avec ma femme, nous avons une communication avec nos petits enfants par Skype.
Josette : Moi, je suis fidèle à l’écrit, je fais tout sur papier et parfois ça va beaucoup plus vite. Après avoir beaucoup utilisé d’écrans qui m’ont abimé les yeux pour mon travail, j’ai décidé de ne plus m’en servir. Et puis, je trouve qu’on perd de la relation humaine.
Vincent : A cause des écrans, on parle dans le vide.
Renée : Internet va trop vite pour moi.
Edwige : Ce qui fait peur avec internet, c’est la manipulation, les fausses informations.
Josette : …et le piratage. Des organismes qui s’occupent du tiers payant viennent d’être attaqués. Les données de 33 millions de personnes ont été capturées.
Renée : Il y a beaucoup d’arnaques.
Josette : Un employeur peut avoir accès à toutes les informations.
Renée : Je préfère l’intelligence naturelle.