Stéphane fait du théâtre amateur avec les Fresques darnétalaises depuis six ans. Répéter avec ses comparses de troupe, enfiler de beaux costumes d’époque les jours de représentations et se présenter devant un public lui procurent de plus en plus de plaisir. Témoignage d’un acteur occasionnel.

Par Stéphane Lecompte.

2019. Quelques mois avant l’apparition de l’épidémie du Covid et les deux mois de confinement, j’intègre les Fresques darnétalaises, une troupe d’acteurs amateurs qui, pour certains, jouent ensemble depuis près de 15 ans. J’avais assisté à l’une de leurs représentations avec un ami, et au-delà de l’intérêt théâtral produit, j’avais été séduit par l’accueil de François Généreux, le metteur en scène, et de ses acteurs. C’est donc par une fraîche nuit d’octobre que cet ami et moi avons débarqué au milieu de tout ce petit monde et avec confiance. Fort de ma courte expérience de la scène, cela au travers d’aventures théâtrales variées, je ne mets pas longtemps à m’y sentir comme un poisson dans l’eau.

Les premières répétitions sont prometteuses, mais tout s’arrête brusquement. Alors que l’hiver se manifeste toujours, le gouvernement décide de prendre les mesures qui s’imposent pour empêcher la propagation du Covid. L’attente s’installe, et c’est finalement avec prudence que nous finissons par remettre les pieds dans le projet au printemps suivant. Respectant les mesures d’hygiène imposées, nous arrivons tout de même à construire un spectacle joué à la période initialement prévue, début juillet…

En six ans, j’ai eu l’occasion d’interpréter des rôles bien différents les uns des autres. Je me suis glissé dans la peau d’un poilu de la Première Guerre mondiale, dans celle d’un amant d’Emma Bovary ou encore, pour l’édition 2025, dans celle d’Henry IV et d’un marchand douteux, au temps où le trafic humain, d’alcool et de marchandises diverses, entre l’Afrique et les Amériques, était monnaie courante !

Toujours le même plaisir s’impose à moi quand je joue, qu’il s’agisse de me produire devant quelques dizaines de spectateurs ou devant un public plus nombreux. L’utilisation de costumes d’époque y a peut-être son mot à dire. Mais surtout la complicité avec les autres comédiens, notamment avec ceux qui sont dans le même groupe que moi. En effet, au vu du nombre de passionnés intégrant les Fresques darnetalaises, trois groupes se sont constitués en début de saison qui répètent à des moments différents. Je suis dans le premier groupe depuis le début de l’aventure, et peu de personnes ont changé de groupe depuis mon arrivée. Les répétitions se font toujours autour de notre chaleureux metteur en scène canadien, sérieux quand il est nécessaire de l’être, volontiers blagueur et narrant toutes sortes d’anecdotes. Parfois, la bonne humeur s’efface au souvenir d’un acteur récemment décédé, sa mémoire venant rappeler que la vie en dehors du contexte scénique est bien présente. Et comme toute bonne famille qui se respecte, nous continuons d’avancer en gardant une pensée pour ces personnes.

L’avenir des Fresques est cependant en suspens. La culture étant mise à mal par les instances politiques (lire article précédent : Fin de l’histoire – En théâtre), nous ne sommes pas sûrs que notre aventure recueillera les moyens financiers de continuer. En attendant le verdict, nous jouerons le 15 novembre. Et s’il faut que ce soit la dernière représentation, fasse qu’elle se termine de la meilleure des façons. Show must go on !