Avec la pandémie, c’est toute l’organisation sociale et économique qui se trouve bouleversée. Et la retraite n’y échappe pas. Est-il possible vivre celle-ci sans se soucier des autres ? La retraite n’est-elle pas aussi le temps de l’engagement et de la solidarité, aujourd’hui plus que jamais ?
Par Pierre Caro
Au cours de ces vingt premières années de retraite, je pense avoir compris qu’un lien insécable existe entre le déroulement de la carrière et les conditions dans lesquelles nous vivons la retraite. Et aussi que celles-ci influencent notre état physique, intellectuel et moral. Elles améliorent nos capacités à demeurer « citoyens responsables » dans la société.
Or les effets de la pandémie, que nous connaissons depuis 2019, bouleversent nos conditions de vie familiale et amicale, de loisirs et repos, notre lien au monde du travail.
Nos parents pouvaient choisir de profiter des bénéfices de leur carrière pour quelques années de retraite dans un temps de repos bien mérité. S’ils étaient la seule génération en situation de retraite, aujourd’hui les retraités, le plus souvent, ont leurs parents – et parfois leurs grands-parents ! – en bonne santé et autonomes pour une grande majorité.
Nous ne pouvons pas vivre heureux sachant que nos enfants, petits-enfants réalisent leur carrière dans un monde du travail profondément touché et désorganisé par la pandémie depuis la fin 2019. Les bouleversements humains, économiques, sociaux, touchent de nombreux domaines : le droit au travail, la santé, l’habitat, l’alimentation, l’habillement, l’éducation, la formation, la culture et l’environnement… les moyens de subsistance et de bien-être sont en grandes difficultés.
Gouvernements, chefs d’entreprises, travailleurs de tous niveaux hiérarchiques, société civile – à laquelle nous appartenons en qualité de retraités – chacun a sa place et une place à tenir pour garantir la sécurité des personnes, la viabilité des entreprises et des emplois, le bien vivre en commun.
En janvier 2021, 93 % des travailleurs à travers le monde habitent dans des pays dans lesquels la fermeture des lieux de travail persiste sous une forme ou sous une autre. Les prévisions économiques du Fonds monétaire international (FMI) d’octobre 2020 annoncent une baisse persistante de 3 % des heures de travail en 2021 si l’on compare au quatrième trimestre 2019. Cela équivaut à 90 millions d’emplois à temps plein, chiffres OIT.
Le monde du travail se modifie. On constate des pertes massives d’emplois dans les secteurs les plus touchés (par exemple les activités d’hébergement et de restauration, les arts et spectacles, le commerce et la construction) et, en revanche, une évidente croissance positive de l’emploi dans les secteurs des services hautement qualifiés (par exemple l’information et la communication ainsi que les activités d’assurances et financières). Les pertes en « revenus du travail après les mesures de soutien » ont été relativement plus importantes pour les jeunes travailleurs, les femmes, les travailleurs indépendants ainsi que pour les travailleurs faiblement ou moyennement qualifiés.
Nous sommes une grande majorité de retraités engagés dans diverses associations ou organisations qui développons des activités bénévoles d’accompagnements dans tous les domaines de la vie de société.
Nous devons demeurer engagés pour soutenir une éducation et formation précurseurs, une reprise économique qui soit robuste et élargie, ciblée sur l’emploi, le revenu, le droit du travail et le dialogue social, des femmes et des hommes de tout pays, car c’est ensemble que nous réussirons une société de paix et de bonheur pour le plus grand nombre, sans quoi ! ! ! je n’ose penser autrement.
Je suis convaincu que nous ne pouvons nous développer qu’en apprenant pour nous donner les moyens de choisir nos modes, conditions et environnements de vie.