Yvonne a été assistante sociale en milieu scolaire. Elle a expérimenté des réunions « parents-enseignants » où la parole des uns et des autres s’échangeait à égalité dans le but de mieux comprendre les enfants. Elle aimerait que son expérience serve encore. 

Par Yvonne Leménager 

« L’école de la Réconciliation », livre de Jérémie Fontanieu, professeur à Drancy vient d’être publié aux éditions Les Liens Qui Libèrent. Il porte sur la nécessité d’apaiser les relations entre parents et enseignants. Cela m’a donné envie de partager une pratique ancienne qui pourrait être pleinement actuelle. J’ai été, pendant 13 ans, assistante sociale scolaire en milieu rural à l’époque où les travailleurs sociaux pouvaient intervenir dans l’enseignement primaire. Je devais couvrir 18 écoles (1500 élèves) et 2 collèges (450 et 25O élèves) avec pour mission « d’assurer une action sociale préventive des inadaptations et de l’échec scolaire ».

Je me suis vite rendue compte que parents et enseignants avaient le même objectif, la réussite des enfants. Mais que beaucoup de malentendus faisaient obstacle au dialogue pourtant nécessaire à celle-ci. L’entrée dans un nouveau cycle suscitait néanmoins une curiosité réciproque. Cette fenêtre de tir pouvait me permettre d’organiser des rencontres entre parents et enseignants avant que ne se cristallisent les positions…Là pouvait émerger une reconnaissance mutuelle porteuse d’avenir.

Les enseignantes du CP étant d’accord, une réunion fut organisée dans les trois semaines de la rentrée. Les chaises avaient été placée en rond dans la classe.  J’avais pour habitude de ne pas m’asseoir à côté des enseignants mais en tiers avec les parents. Mon intervention s’articulait autour de ce rappel : l’univers de l’enfant est constitué de deux mondes, sa famille et son école, qui ont chacun leur système de références.

Pour lui, qui va de l’un à l’autre, cela forme un tout que, ajoute-je « nous allons, ensemble découvrir ce soir, en échangeant nos savoirs ». 

Je proposais que parents et enseignants racontent alternativement la journée des enfants du matin jusqu’au soir. Mon rôle se bornait à soutenir la parole des parents et à faciliter leur compréhension de celle des enseignants.

Cet échange, à égalité, exempt de jugements, a fait émerger de nombreux thèmes, ce qui permettait d’envisager préventivement, des solutions. 
Je me souviens de ces thèmes en particulier :
-La fatigue au retour de l’école se traduisant par de l’abattement ou une nervosité excessive, voire des cauchemars. 

– les régressions compensatrices de l’effort d’adaptation scolaire (énurésie, langage bébé, colères…)   
– la prise de conscience du temps maximal d’attention efficace d’un enfant de 6 ans
– le travail du soir à la maison. Difficultés à comprendre parfois les consignes des enseignants   
– l’identification de déficits sensoriels ou autres jusqu’alors ignorés. 


Plusieurs années de suite, ce protocole a été reconduit et a facilité le dialogue entre parents et enfants.