Le 15 mars dernier, Françoise a été invitée à la première du premier film de sa petite-fille Zelda, tête d’affiche de Dalva, réalisé par Emmanuelle Nicot. Un moment fort en émotions, d’autant que le scénario parle de la violence faite aux petites-filles. Mais la grand-mère comme la critique ont été emportées : le film est magnifique et Zelda une graine de star.  

Par Françoise S.

Cette soirée de première du film Dalva au cinéma Omnia à Rouen a représenté une double première pour moi : c’était la première fois que je voyais ma petite-fille Zelda sur grand écran, interprétant, qui plus est, le personnage principal. Quel privilège ! Mais que d’émotions entremêlées. Il y avait de la fierté bien sûr. De la nostalgie : j’ai repensé à cette photo de Zelda, enfant avec des lunettes noires, un doudou sous le bras, marchant d’un pas décidé. De l’inquiétude aussi : cette propulsion de Zelda, 14 ans, dans le milieu du cinéma n’est-elle pas trop rapide pour elle, encore lycéenne ? Elle a déjà pris des cours de théâtre, et c’est elle qui a découvert l’affiche pour le casting du film, mais quand même, elle était jeune quand elle a postulé – 11 ans – puis tourné le film – 12 ans. 

Et ce rôle, d’adolescente apprêtée comme une femme, pas trop déstabilisante ? Je me suis revue petite fille déguisée et maquillée pour Mardi-gras en dame de la Belle Époque :  horrifiée par le reflet du miroir, j’avais pris la fuite. 

Et puis, la thématique du film, l’emprise d’un père sur sa fille, pré-adolescente, est délicate. Heureusement, mon fils (le père de Zelda) avait pensé à nous réunir, nous les grands-parents paternels avec Zelda avant la projection du film pour partager un moment. L’occasion de nous re-raconter le tournage (Zelda s’y est toujours rendue, accompagnée de ses parents), le bon accueil des critiques notamment à Cannes. Dalva a reçu plusieurs prix et Zelda aussi. 

En sortant d’un salon de thé, nous avons rencontré l’équipe du film qui nous a réservé un accueil sympa et rassurant. L’angoisse s’est un peu apaisée…

Sur le grand écran, notre petite-fille nous bouleverse : elle est stupéfiante. Le film, mélange de violence, de tendresse, de délicatesse, et de pudeur, est applaudi par la salle qui est comble. Soulagement : le mot inceste n’est pas prononcé.

Après la projection, une séance de questions-réponses avec la réalisatrice, Emmanuelle Nicot, et les deux acteurs principaux, Alexis Manenti et Zelda Samson, a été organisée. Emmanuelle Nicot explique que c’est le travail de son frère qui est éducateur qui lui a inspiré ce scénario. En immersion dans un centre d’urgence pour adolescents, elle a été frappée par ces jeunes qui, bien que maltraités, soutiennent leur famille et considèrent la justice injuste. L’histoire de Dalva, dont on suit la reconstruction après avoir été enlevée à son père et placée dans un foyer, a suscité plusieurs interventions de professionnels de l’éducation, de la santé et de la justice.

La réalisatrice raconte aussi pourquoi elle a choisi Zelda parmi 5000 candidatures : « Je l’ai trouvée photogénique avec son beau port de tête. Sa maturité, son féminisme m’ont séduite. » 

Zelda dit qu’elle veut devenir astrophysicienne plus tard et mais, pas de toute, ma petite-fille est déjà dans les étoiles.