Devoir se restreindre est difficile. Surtout quand on n’a connu que la liberté d’aller et venir à sa guise, sans justification. Andrée, qui était une enfant durant la seconde guerre mondiale, appelle à la patience ! 

Par Andrée Lepetit 

Beaucoup de gens se plaignent des restrictions que nous impose la crise sanitaire que nous connaissons depuis l’arrivée du Covid 19. Bien-sûr, il est parfois pesant de rester plusieurs jours à la maison. Surtout si on ne peut pas profiter du spectacle de la nature parce qu’on ne possède pas de jardin ou qu’on vit loin de la campagne.  Comment s’occuper chez soi ? 

Plombant aussi, le manque de distractions : cinémas, théâtres et salle de concerts fermés. Restaurants et cafés, fermés. Inviter des amis le soir chez soi, interdit.

C’est dur à vivre. Surtout quand ces restrictions se prolongent dans le temps. Pas étonnant que tant de personnes dépriment, consultent leur médecin pour des états d’angoisse, voire des pensées suicidaires 

Moi, qui ai vécu la guerre, je parviens cependant à relativiser. A accepter d’être patiente. Oui, car la vie pour les civiles durant la seconde guerre mondiale n’était pas réjouissante. Il y avait beaucoup de restrictions alimentaires. On vivait la faim au ventre.  A la maison, le pain était compté au gramme près. Le seul extra qui améliorait parfois l’ordinaire pour les enfants : des bananes séchées Il fallait se débrouiller pour se nourrir. Il était appréciable de connaître des personnes à la campagne pour obtenir du beurre et des volailles. Heureusement, à l’école, les enfants recevaient des bonbons vitaminés et des biscuits. 

Moi, qui ai vécu la guerre, j’arrive à faire le dos rond pour passer cette mauvaise période. Durant l’Occupation, la vie était stressante : nous devions sans cesse côtoyer non pas un virus invisible mais des soldats allemands très visibles ! Si l’un d’eux était tué, les chefs visitaient les maisons pour trouver un coupable qui était fait prisonnier puis au mieux envoyé en Allemagne.  

Et puis, la nuit, des bombardiers survolaient la ville de Rouen et il fallait courir aux abris pour se protéger, ce qui donnait la boule au ventre. 

Voilà pourquoi, j’invite à ne pas trop se plaindre aujourd’hui. Il suffit d’appliquer sérieusement les recommandations et d’attendre patiemment que le temps passe. La roue finit par tourner.