« Ramatuelle – août 1959 – Ce n’est pas, il en rêve si souvent, il en connaît les moindres allusions, il la regrette déjà, la douce fatigue des jours heureux. Elle apparaît toujours au même moment, quand le soleil se love en bâillant derrière la colline. L’air pastel libère alors ses parfums collants de résine et de mimosa, il sent le travail accompli. » 

Vous le sentez, vous aussi ?  Seriez-vous, à la lecture de ce texte, tombés comme moi en amour sur ces premières phrases du « Dernier hiver du Cid ». Pour ma part, je les ai lues et relues plusieurs fois pour en extraire toute la saveur, y suis revenue lorsque j’ai épuisé le livre tellement je trouve sublime la prose de Jérôme GARCIN. Il nous narre avec des mots jolis, choisis et pleins d’une émotion contenue les derniers mois de Gérard Philipe qui devait décéder en décembre 1959.

Trop jeune pour avoir adulé comme ma mère Gérard Philipe, je sais pourquoi ces mots ont résonné en moi ; ils m’ont rappelé un texte appris lorsque j’étais jeune : « Au bout de quelques pas les absinthes nous prennent à la gorge. Leur laine grise couvre les ruines à perte de vue. Leur essence fermente sous la chaleur et, de la terre au soleil, monte sur toute l’étendue du monde un alcool généreux qui fait vaciller le ciel ». Ce texte lumineux est extrait de Noces à Tipasa d’Albert CAMUS.

Là encore ce sont des mots qui m’emportent dans des senteurs d’été, de ciel blanc, de chaleur, de plantes odorantes… Signe sans doute d’un vrai besoin de vacances après le confinement.

Fermez les yeux, respirez à fond, vous y êtes déjà !

Martine Lelait 24 mai 2020