Décorer un sapin, monter une crèche, écouter des chants de Noël : autant d’occasions « rasoir » à priori, selon Marie, qui lui ont permis de vivre de jolies tranches de camaraderie. 

Par Marie H. 

« Tu n’as pas le sens de la fête ».

C’est avec ce reproche que m’accueille Rose, ce matin de décembre, après que j’ai rechigné à venir l’aider à garnir son sapin et sa crèche. J’avoue que je ne raffole pas des fêtes obligatoires, j’ai trop aimé les fêtes improvisées et impromptues pour cela.

« Viens m’aider à accrocher les guirlandes sur le sapin ».      
« Je suis là pour cela ».

Le sapin est un arbre imposant dont la cime gratte le plafond. Je refuse de hisser mes quatre fois vingt ans sur son escabeau bancal.

« Tu es la plus jeune, à toi l’honneur. Je tiens les montants, tu n’as rien à craindre ; de plus, je pourrai ainsi te passer les guirlandes ».

L’exercice périlleux prend fin, faute de munitions. Deux cartons vides gisent au pied du sapin, ils contenaient les boules et les guirlandes qui scintillent sur les branches de l’arbre.

Nous nous accordons une pause thé de Noël et cake à l’orange. La radio diffuse des chants de Noël que nous reprenons en chœur.

Nous devons maintenant installer la crèche sur une table près du sapin. C’est une méga-crèche, seules nous ne pouvons pas la soulever. Le gardien, André, appelé en renfort, nous aide.

« Jamais vu une crèche aussi imposante chez des particuliers », grogne-t-il entre ses dents.

Rose lui offre une bière qu’il accepte avec un grand sourire.

« Après l’effort, le réconfort ».

Avant de partir, il nous précise :

« Mesdames, si vous avez besoin d’un nouveau coup de main, n’hésitez pas, je suis dans ma loge jusqu’à vingt heures ».

La crèche est vide, nous allons y installer les personnages. Petit à petit, nous sortons les statues de leur enveloppe de papier. Il faut ensuite replier les papiers et les déposer dans un carton réservé à cet effet, une corvée pour l’impatiente que je suis.

Nous disposons d’abord le bœuf et l’âne au fond de la crèche. Ils ont tous deux l’œil averti des bêtes à qui on ne la fait pas ; ils ont été choisis pour réchauffer de leur souffle le divin bébé. La Vierge est une très jeune femme fraîche et rose, Saint Joseph, un sympathique barbu. Les moutons arborent un air étonné, le berger qui les accompagne est un solide gaillard, son chien doté d’yeux jaunes et d’un poil noir, semble plus apte à dévorer les moutons qu’à les garder. Rose pousse un soupir :

« Nous avons oublié le petit Jésus, je ne sais plus trop où je l’ai rangé ».

Nous le découvrons dans un sachet de toile au fond du carton. C’est un enfançon blond et rose, vêtu d’une chemisette de linon bordée de fine dentelle, tout à fait déplacée au sein de l’étable où nous le déposons avec précaution. Nous laissons de côté les rois mages, ils sont encore en chemin et l’étoile qui les guide n’est pas fixée au-dessus de la crèche.

Satisfaites, nous contemplons l’ensemble de nos travaux. A ce moment précis, éclate à la radio un tonitruant « Minuit chrétien », j’embrasse Rose en lui souhaitant un joyeux Noël auprès des siens. Il est dix-neuf heures, je rentre chez moi, j’ai eu ma dose de folklore « noëllien » pour cette année 2024.