Assez ! C’est ce que beaucoup d’entre nous auraient envie de crier sous le déluge de mauvaises informations qui, jour après jour, nous accablent, et déclenchent des émotions sans nuance. Martine rêve tout haut d’une actualité plus légère.  

Par Martine Lelait 

L’actualité internationale ne m’a jamais semblé aussi anxiogène. Et pourtant, j’essaie de relativiser. Je me rappelle, et ce n’est pas si lointain, du démarrage de l’épidémie de Covid et du premier confinement qui a suivi et créé une forme de sidération devant cette situation jamais connue. Aujourd’hui, ce sont d’autres combats sur lesquels je me sens tout aussi démunie et impuissante : les guerres avec leurs massacres ainsi que la violence et la haine qu’elles engendrent et suent de toutes parts.

La lecture de Libération, de Médiapart, de l’Obs suffit chaque matin au réveil à me remplir d’effroi, à tel point que je ne regarde plus aucune actualité télévisée, ni les débats de « C dans l’air » ou d’Arte que j’appréciais jusque-là. Je suis arrivée à saturation. Et je ressens le besoin de faire un break. 

Facile à dire …Et à faire. Puisque le break consiste à éteindre sa télévision ou à ne plus lire les journaux. Car dans le même temps, un peu partout dans le monde, des gens restent aux prises avec l’horreur.

Besoin de break aussi dans ma fréquentation, pourtant non assidue des réseaux sociaux et pourtant pas des plus vindicatifs, qui transpirent la méchanceté, les injures et les menaces. Toute cette hargne s’exprime sans complexe en ligne. Masqués, bien à l’abri derrière leur pseudo et leur écran, certains « courageux » insultent et distillent des discours puants, sans aucune autocensure. Le défoulement haineux est à l’œuvre. Particulièrement en France. En effet, selon une étude menée cet automne par la plateforme X (ex Twitter) pour observer les propos violents ou illicites mis en ligne, les Français apparaissent comme les plus hargneux d’Europe, loin devant les Allemands et les Espagnols. Il est d’usage de dire que le Français est un râleur impénitent, un contestataire dans l’âme, un jamais content, mais est-ce une raison suffisante pour mériter cette première place au palmarès des affreux ?

Aujourd’hui, j’ai peur de cette violence incontrôlée. J’ai même peur de réagir à certains événements, peur de faire sur-réagir mes interlocuteurs, y compris dans ma sphère privée. Jamais, il ne m’a paru aussi difficile, voire douloureux, de prendre la parole. Si j’ai envie de compatir à la situation du peuple palestinien colonisé et en prison à ciel ouvert depuis des décennies sur la bande de Gaza, je risque de passer pour une fanatique du Hamas et une antisémite notoire alors que je ne confonds pas l’autorité palestinienne et le Hamas terroriste. Et si j’ai envie de soutenir le peuple juif, qui a déjà beaucoup souffert au siècle dernier, je vais être taxée d’islamophobe alors que le soutien aux habitants d’Israël ne veut pas dire que j’approuve la politique droitière extrême de Netanyahou.  On a perdu la tête et tout sens de la nuance.

Parfois, j’aimerais retrouver une information un tant soit peu légère, réjouissante, qui mette du baume au cœur, du cœur au ventre et qui permette de reprendre confiance dans l’humain.