En quelques semaines, de nombreux drames ont marqué les esprits. Des catastrophes naturelles au Maroc et en Afghanistan, des conflits armés en Arménie et en Israël.
Cette actualité nous bouleverse. Les évènements se succèdent et semblent créer une hiérarchie dans le choix des infos… Les résidents de la Rose des Sables réagissent à ce terrible engrenage.
L’attaque d’un professeur au lycée d’Arras n’avait pas encore eu lieu au moment de cet échange.

Revue de presse à la résidence autonomie la Rose des sables à Rouen.
Avec Anne-Marie, Brigitte, Chantal, Danièle, Eugène, Françoise, Jacqueline, Jean-Louis, Jean-Luc, Marie-Mad, Raymonde, Renée et les deux animatrices Edwige et Gracinda. 

Brigitte : Pour moi, samedi 7 octobre au matin, à l’annonce de l’attaque du Hamas en Israël, cela a été la sidération. Et l’inquiétude aussi, car les deux neveux de mon mari ont épousé des femmes de confession juive. L’un d’eux vit à Tel Aviv et est réserviste : il veut partir se battre. Sa mère ne peut pas l’empêcher d’y aller, mais elle a peur. Je la comprends : on parle d’une attaque terrestre. Si les soldats israéliens entrent dans Gaza, ils vont se faire tirer comme des lapins par les hommes du Hamas.
Mais ce qui est terrible dans l’actualité, c’est qu’un évènement chasse l’autre. On ne parle plus que d’Israël maintenant alors que je pense encore aux Arméniens. C’est un peuple qui a toujours été persécuté, sans que l’on sache pourquoi. En ce qui concerne l’invasion du Haut-Karabagh, il paraît que la Turquie est derrière. Elle soutiendrait l’Azerbaïdjan pour avoir un accès direct à la Russie. Les Arméniens ne comptent pas pour les Turcs : ils n’ont d’ailleurs jamais reconnu le génocide arménien du début du 20ème siècle. Quand la France l’a fait, la Turquie a manifesté son incompréhension. 
Je suis très sensible à tout ce qui touche l’Arménie. Mon mari était Arménien et j’ai énormément d’amis arméniens. Aujourd’hui, après l’invasion, certains membres de ma belle-famille, qui habitent en France, sont partis pour les aider. Je m’inquiète, j’aimerais avoir des nouvelles. 

Eugène : Sur la bande de Gaza, 2 millions de personnes habitent sur une toute petite surface de terre ; il y a 45% de chômage ; les jeunes n’ont pas de travail, pas d’argent. C’est facile de leur mettre une arme dans les mains et de leur dire de faire la guerre.

Brigitte : Le Hamas profite aussi d’un système de corruption pour financer la guerre. Il a le soutien d’autres pays mais aussi des cartels.

Renée : Pourquoi les Israéliens n’ont-ils pas vu ce qui allait arriver, ils se croyaient intouchables ? Benyamin Netanyahou a été trop en confiance ?

Jacqueline : Pourquoi ces deux peuples vivent-ils l’un à côté de l’autre ?  Ils n’arrivent pas à s’entendre… Il me semble que cette terre a toujours été un enjeu entre ces deux peuples. 

Eugène : Leur mésentente date surtout de 1948, quand l’ONU a pris la décision de créer l’État d’Israël. 

Brigitte : Avant, les Juifs et les Musulmans arrivaient beaucoup mieux à vivre les uns avec les autres. 

Renée : Quand je vivais en Algérie, avant l’indépendance, les enfants des deux confessions jouaient ensemble. 

Anne Marie : J’ai une nièce qui a donné deux ans de sa vie en tant que sage-femme en Israël. Elle est mariée à un Libanais, chrétien, ma famille c’est le Liban et c’est aussi c’est la Turquie. 

Jacqueline : Quand j’habitais à Paris, j’ai vécu à côté de la rue des Rosiers, juste après les attentats de 1982. J’avais une amie avocate qui était juive et qui m’a fait visiter le quartier juif.  C’était très impressionnant, on avait l’impression d’être dans un autre pays. Les personnes qui appartiennent à des communautés particulières ont tendance à se regrouper ; les gens peuvent s’habiller autrement et acheter des produits différents comme le pain par exemple, qui n’est pas le même que celui que l’on vend dans les boulangeries habituellement. C’est une façon de se reconnaitre.

Brigitte : C’est vrai mais on peut aussi être d’une confession particulière et vouloir vivre « comme tout le monde ». Je pense à la maman de mon petit neveu qui va souvent passer l’été en Israël. Pourtant, elle n’ira pas vivre là-bas quand elle sera à la retraite. Elle se sent beaucoup plus en sécurité en France. 

Jean Luc : Quand j’avais 14 ans, à l’école, il y avait des enfants arabes et juifs qui se bagarraient tout le temps. Ma famille et le directeur de l’école les ont réunis pour les calmer. On disait aux jeunes d’arrêter de les embêter, on les a menacés de les renvoyer et ça les a arrêtés : il n’y a pas eu de discussion. Mais on avait du mal à parler ensemble.

Eugène : Aujourd’hui, on voit apparaitre des inscriptions antisémites dans les écoles, il est à craindre que ça se diffuse. L’antisémitisme continue de se propager j’ai peur que cela empire.

Renée : On parle des Israéliens, des Palestiniens, mais les tremblements de terre au Maroc et en Afghanistan, on n’en parle plus. Ils ne souffrent pas ces gens-là ? Il y a eu 2000 morts en Afghanistan. 
La guerre, c’est le fait des hommes, on pourrait y échapper. En revanche, les tremblements de terre sont des phénomènes naturels.

Anne Marie : Dans le journal « La Croix » on parle du Maroc. J’y ai appris que des sources d’eau étaient apparues après le tremblement de terre et c’est un bienfait pour ces régions dévastées.
Moi aussi, je suis concernée par ce qui se passe en Israël et en Arménie, mais j’ai besoin de nouvelles positives. 

Renée : C’est quand même fou, on a davantage parlé des punaises de lit que des Afghans victimes de leur tremblement de terre. Il y a une exagération. 

Eugène : On parle moins de l’Ukraine aussi. D’ailleurs, Volodymyr Zélenski a peur que l’attention se détourne de son pays et les financements aussi.

Brigitte : L’argent est le nerf de la guerre, c’est vraiment d’actualité.