Nicolas Sarkozy sera resté 20 jours en prison ; un court séjour qui a suffisamment marqué l’ancien chef de l’État pour qu’il écrive un livre. Cet épisode politico-judiciaire a suscité beaucoup d’interrogations chez les résidents de la résidence Bonvoisin qui, à travers cette expérience très médiatisée, se sont demandés à quoi devait servir la prison.

Revue de presse de la Résidence Jeanine Bonvoisin.
Étaient présents : Alain, Evelyne, Jacqueline, Jean-Noël, Maria, Stéphane ainsi que Françoise, animatrice.

Devant la Cour d’appel qui examinait sa demande de remise en liberté, Nicolas Sarkozy, visiblement marqué par 20 jours de détention, a parlé du cauchemar qu’il vivait en prison. L’ancien président de la République bénéficiait pourtant de nombreux privilèges : un droit de visite quotidien, un accès élargi au téléphone, une cellule isolée… A entendre le témoignage du Président, même dans ces conditions, la privation de liberté reste une épreuve difficile à supporter. 
Son expérience n’a pourtant duré que quelques jours. La rapidité de sa remise en liberté reste étonnante, selon certains résidents dont Evelyne ; elle se rappelle de la condamnation à 5 ans de prison pour abus de biens sociaux et abus de confiance de Pierre Botton, gendre et conseiller de l’ancien maire de Lyon, Michel Noir, dans les années 90. Il était resté incarcéré pendant 20 mois.

Mais ce sont surtout les conditions dans lesquelles l’ancien chef de l’Etat a vécu sa peine, qui provoque de nombreuses interrogations. Jean-Noël estime que « Nicolas Sarkozy a bénéficié d’un régime de faveur : son séjour en prison ne reflète pas la réalité carcérale » !
« Comment s’applique la loi pour les autres et comment les gens ordinaires sont-ils traités en prison » s’interroge Alain ?

On sait que le nombre de personnes détenues est très largement supérieur aux capacités des prisons françaises. La place manque tellement que des prisonniers doivent dormir sur des matelas posés par terre dans des cellules surpeuplées.
Si l’espace physique est terriblement contraint, que dire de l’espace sonore ? Multiplication des bruits, des chocs, des cris, des télés allumées en permanence sans laisser de répit à ceux qui voudraient un peu de calme.
Pour offrir plus de confort à Nicolas Sarkozy, les cellules voisines de la sienne avaient été vidées de leurs habitants ; cela ne l’a pourtant pas empêché de se plaindre de toutes les agressions sonores qu’il a dû endurer. 

Les prisons françaises sont sales et mal entretenues, l’hygiène y est déplorable. La France est régulièrement mise à l’index par les autorités européennes pour cela. Dans ces conditions, la prison peut-elle remplir un rôle éducatif et de réinsertion ? Et ne devrait-on pas davantage se poser la question de l’avenir des détenus une fois leur peine effectuée ? s’inquiètent les résidents. 
La prison doit être utile pour éviter la récidive. Jean-Noël insiste sur la nécessité de permettre aux personnes condamnées de s’investir dans leur avenir. « Il est important de leur proposer des formations pour qu’elles repartent sur d’autres bases ! De cette manière, elles acceptent bien mieux leur détention ».
Evelyne défend le développement d’activités, telles que le sport et le théâtre qui ouvrent d’autres horizons aux détenus. Elle se souvient aussi avoir embauché un jeune homme, condamné à une peine de prison et qu’elle connaissait par ailleurs. Grâce à cet aménagement de peine, il avait vécu une incarcération moins traumatisante. « Il sortait le jour et en retournait dans sa cellule le soir. C’était étrange pour lui mais cela avait facilité son retour à la liberté ». 
De son côté, Alain a travaillé avec un juge d’application des peines quand il était directeur de MJC dans les années 80. Ensemble, ils menaient des projets de formation avec de jeunes détenus. « C’était utile et efficace ».
Toutes ces initiatives augmentent les espoirs réinsertion, même après une longue peine de prison.

Ces différentes possibilités d’aménagement ne rendront jamais la prison trop confortable comme certains peuvent le penser ; par essence, l’incarcération est une épreuve difficile à supporter. Pour s’en convaincre, il suffit de se remémorer certains séjours à l’hôpital, suggèrent les résidents de Bonvoisin. 
Pour ceux qui n’ont pas la chance d’occuper une chambre individuelle, il faut accepter de vivre au rythme de son voisin et supporter ses habitudes en matière de télévision, musique et les visites qu’il reçoit. Sans oublier les bruits, parfois même les gémissements, venus des chambres voisines.
Stéphane est récemment resté six semaines à l’hôpital : « Je sortais marcher dans les couloirs pour bouger et m’occuper, tout seul. Rester dans sa chambre sans rien faire, c’est vite long ». 
L’expérience est pénible et pourtant, il ne s’agit que d’un séjour l’hôpital, un lieu destiné à prendre soin des personnes, ce qui est loin d’être le cas des établissements pénitenciers.

« Tout le monde devrait avoir peur d’aller en prison, c’est pourquoi les sanctions prononcées doivent être suffisamment sévères. Je ne suis pas sûr que ce soit toujours le cas » développe encore Stéphane. « Quand j’étais jeune, j’aurais pu aller en prison si mon entourage ne m’avait pas convaincu que j’avais plus à y perdre qu’à y gagner. Je me souviens qu’en passant devant la maison d’arrêt de Rouen, je m’étais dit que j’étais mieux dehors que dedans ».
Une réflexion à laquelle devrait certainement souscrire Nicolas Sarkozy à présent.