Bien réveillée, j’écoute par la fenêtre ouverte les oiseaux qui s’en donnent à cœur joie. Ça gazouille, ça pépie, ça sifflote, ça piaillote, ça piapiate à tout va. Ils tiennent conférence, c’est sûr. J’en entends des plus assurés que d’autres, certains ont même l’air de donner des ordres, d’autres de s’en offusquer, d’autres encore d’en rigoler, à moins que ce ne soit un entraînement, une répétition pour leur concerto matinal ? Toujours est-il qu’ils tiennent une vraie conversation dont moi, fille des villes, je me sens complètement exclue.

Hormis quelques belles sorties dans le Marquenterre, jamais je n’ai eu grande attention pour l’ornithologie ; je sais reconnaître les oiseaux « basiques », les pigeons, ce n’est pas ce qui manque en ville, les corbeaux, les petits moineaux, les hirondelles, les merles, les étourneaux et leurs grandes nuées, les cigognes aussi bien sûr, mes préférés restant les goélands et les mouettes parce qu’ils sont indissociables pour moi de la mer. Je saurai sans doute reconnaître un rouge-gorge, une mésange… encore faut-il en voir ! Mais jamais je ne saurai faire la différence entre un chardonneret, un bouvreuil, une bergeronnette, une fauvette et même un rossignol. D’habitude quand on donne des noms d’oiseaux à quelqu’un ce n’est pas réputé très joli, c’est plutôt de l’invective, mais en vérité, ces noms-là ne sont-ils pas chantant à vos oreilles ? Je resterai toujours admirative de ceux qui savent décrypter ces stridules mélodieuses pour dire quel cri appartient à quel oiseau !

Je n’ai rien compris à leur conversation ce matin mais c’est comme en musique, on n’a pas besoin de savoir la langue, le solfège pour l’apprécier !

Martine Lelait – 12 avril 2020