Depuis plusieurs mois, Catherine vit dans un centre de rééducation à Rouen en attendant une guérison qui tarde à venir. Dans cet espace où toutes les journées se ressemblent, un concours a été organisé dans le cadre de campagne annuelle « Octobre Rose ». Un événement.

Par Catherine Lenord 

Début octobre, un concours était organisé au sein de la clinique. Il s’agissait de répondre à 10 questions sur le cancer du sein. Tous les patients de la Clinique y ont participé. Ce genre d’initiative rompt la monotonie des jours.

Ce travail pédagogique m’a permis de poser un instant, un autre regard sur moi-même. Soudain, je n’étais plus une patiente mais une personne indépendante capable de réfléchir aux différentes questions. Pour la première fois depuis 7 mois que je suis ici, j’ai réussi à penser à autre chose qu’à mes problèmes personnels. J’ai même eu de l’empathie pour toutes ces femmes atteintes d’un cancer du sein.

Quelle n’a pas été pas ma surprise lorsque j’ai reçu début novembre un appel téléphonique m’annonçant que j’avais gagné ! Quelle joie d’être l’heureuse élue. C’était pour moi un véritable évènement qui me changeait de mon quotidien. Pour mon plus grand plaisir, j’ai reçu un très beau bouquet de fleurs.

Quand on m’a remis le bouquet, je participais à un atelier d’ergothérapie pour rééduquer mon épaule. L’exercice du jour, c’était la préparation d’une quiche saumon-poireau.  
Quelle bonne journée ! Mais ma joie a été trop vite contrariée.

Les quiches étaient au four et une bonne odeur de cuisine se répandait dans la pièce à en croire les kinés qui passaient et s’exclamaient : « hum ! Ça sent bon ici ! Qu’est-ce que vous faites » ? 

Moi, je ne sentais strictement rien ! Et quand je suis revenue dans ma chambre, le bouquet qui m’attendait avait perdu tous ses parfums ! J’avoue que cela m’a fait un peu peur…à cause de la COVID.

La nouvelle de ma perte d’odorat n’est pas passée inaperçue, j’ai à peine eu le temps de respirer qu’une infirmière habillée comme une cosmonaute est venue me faire un prélèvement PCR. Ça fait un drôle d’effet. « Interdit de sortir de la chambre tant qu’on n’aura pas le résultat » m’a-t-elle expliqué !
Interdiction de participer aux séances de kiné ! 
Interdiction de trainer dans le couloir !
Interdiction de parler à qui que ce soit durant tout le week-end !

Le résultat est arrivé le lundi : négatif ! Quel soulagement. Le personnel était très content pour moi. J’ai pris plaisir à voir une petite lueur dans leurs yeux et à deviner leur sourire sous le masque.
Donc, je pouvais sortir et le médecin m’a envoyé consulter un spécialiste ORL pour découvrir l’origine de mon anosmie.
Mais le pire – ironie du sort ! – est que je n’ai jamais pu profiter ni des senteurs de mon bouquet qui avait fané, ni de la saveur de la fameuse tarte saumon-poireaux car sa durée de conservation était dépassée le lundi !
J’ai dû me contenter des commentaires des différentes personnes qui y ont goûté : « C’était très bon » !