Les commerces de proximité ont plein de vertus que le confinement a mis en évidence. Et si on participait à les faire revivre ? 

Par Françoise S.

J’habite au Mont-Gargan à Rouen quartier Est au pied de la Côte Sainte-Catherine. C’est en zone urbaine mais mon quartier ressemble à un village. 

J’entends souvent dire : « notre quartier devient une cité-dortoir, plus de commerces. Quand on n’a pas de voiture comment fait-on ? » J’ai appris par des anciens qu’il y avait eu jusqu’à 30 commerces répartis sur une période allant de 1945 à 2017 : des cafés, des restaurants, des guinguettes, un tabac-mercerie-épicerie, des boulangers, des bouchers, une supérette, une garage, une carrosserie, une droguerie, un marchand de cycles, un cordonnier, un réparateur de percolateurs. Les devantures des anciens commerces témoignent de cette ancienne activité commerciale. Ils sont occupés par des particuliers.

Dans les années 1980, il y avait encore deux bouchers presque face à face, un café-supérette, et un boulanger.

La boulangerie a fermé sa porte en 2017. La façade du magasin existe encore mais n’a pas trouvé repreneur.

Des jeunes dynamiques auraient été les bienvenus avec une petite supérette et un dépôt de pains.

J’enrage quelquefois car notre quartier,  bien que rajeuni, avec de nouveaux propriétaires comporte beaucoup de personnes âgées qui habitent loin des commerces et leur vie peut devenir compliquée.

Actuellement, des travaux sont effectués dans la rue principale et l’unique bus ne passe plus pour une durée indéterminée. Pour faire ses courses, il est nécessaire de descendre vers une autre rue, et qui dit descendre dit aussi remonter.

Difficile pour les petites grands-mères avec leur caddy surtout quand il est plein !  Les supermarchés ont tué les petits commerces. Ce phénomène se manifeste particulièrement depuis les années 1990 sur le sol français.

Jusqu’à l’arrivée des frigidaires et des congélateurs qui ont permis la conservation des aliments, faire ses courses était une activité quotidienne. Chaque commerce était un lieu de rencontre où l’on devisait sur la pluie, le beau temps, les nouvelles du quartier, les infos mondiales, le baptême du petit, la communion du gamin, le mariage d’un tel, la vie quoi ! Quelques cancans étaient parfois aussi au programme. Les cafés, les restaurants, les guinguettes réunissaient de joyeux lurons et des fêtes de famille. On ne s’ennuyait pas dans mon quartier !

Actuellement, il est l’archétype du quartier urbain qui se désertifie. 

Quel dommage !

Mais il semble que le confinement ait eu pour effet de relancer les commerces de proximité. Récemment, j’ai reçu dans ma boîte aux lettres un flyer disant : « Continuez à être des héros en soutenant les commerces de proximité. Privilégiez-les, c’est bon pour l’économie et pour l’emploi ».

Quel joli programme : oui ! Devenons des héros en faisant nos courses chez nos commerçants de quartier. 

Car, comme le déclarait dans les années 90, Jean-Charles Naouri alors PDG de Casino, les commerces de proximité sont pleins de vertus : ils permettent de s’approvisionner sans prendre la voiture et donc émettre des gaz à effet de serre, ils permettent aux personnes âgées de se charger elles-mêmes de leurs courses et donc de conserver une activité physique, ils soutiennent les filières courtes et les producteurs locaux souvent bio, et bien sûr, ils favorisent le lien social.