L’école primaire de Cany-Barville (Seine Maritime) expérimente des cours d’empathie. Un moyen peut-être efficace pour lutter contre le harcèlement scolaire. Décryptage. 

Par Françoise S. 

C’est une première en France : l’expérimentation d’un cours d’empathie à l’école primaire de Cany-Barville en Seine Maritime. Cela fait partie du plan de lutte du gouvernement contre le harcèlement scolaire pouvant conduire au suicide d’enfants et d’adolescents. 

 Mais c’est quoi, au juste, l’empathie ? C’est la capacité à se mettre à la place de l’autre et à ressentir ses sentiments et ses émotions. Vers un an, un enfant est capable de reconnaître les émotions qui apparaissent sur les visages des personnes qui prennent soin de lui ; vers huit ans, il les décrypte parfaitement. Un apprentissage qui commencerait dès l’école maternelle et primaire serait cohérent pour développer l’empathie et permettre aux enfants de devenir compatissants, compréhensifs, bienveillants. 

Comment s’y prend l’enseignant ? Il présente aux élèves des images de visages parcourus de différentes émotions, puis il leur demande ce qu’ils ont perçu. Il s’agit d’apprendre à mettre des mots sur des situations et des émotions. Cet apprentissage, qui a lieu une heure par semaine, devrait permettre aux élèves d’adopter la bonne conduite si l’un de leurs camarades se trouve en souffrance. L’objectif étant d’apprendre à communiquer positivement avec les autres. Pour l’instant, l’école de Cany-Barville est la seule de Seine Maritime à tester ces cours d’empathie, mais il y en a d’autres en France. Cet apprentissage sera généralisé dès septembre 2024 dans toutes les écoles maternelles et primaire. 

En Scandinavie déjà et aussi en Belgique

Nouveaux en France, ces cours d’empathie existent au Danemark depuis 1993 pour les 6-16 ans. Ils ont permis que des liens solides se tissent entre les élèves et les enseignants.
Est-ce un hasard si la population des pays scandinave est la plus heureuse du monde ?  
La Belgique a également ouvert un programme d’empathie récemment.
L’enseignant travaille avec ses élèves sur les émotions ressenties pendant le week-end et parle des siennes. Il apprend aux élèves à se mettre à la place de l’autre, à réfléchir avant d’agir et aussi le respect de l’autre.

Avant l’empathie la morale

Dans les collèges et lycées existaient des cours d’instruction civique. Pour rappel, civique vient d’un mot latin civicus qui veut dire « se rapportant à un citoyen ». Il s’agissait d’enseigner aux élèves les droits et obligations des citoyens dans la société. 
Mais est-ce le rôle de l’école que d’apprendre à être gentil et bienveillant ? La réponse est oui. Des cours de morale ont été introduits à l’école en 1882 par Jules Ferry, Ministre de l’Éducation sous la IIIe République. A la fin du 19ème siècle et jusqu’au début du 20e siècle, l’enseignant démarrait la journée par un cours de morale. Chaque jour, il inscrivait une maxime sur le tableau noir.  Par exemple : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ». Ou « plus fait douceur que violence ». 
Depuis 2015, les professeurs d’histoire et géographique animent des cours d’enseignement moral et civil qui comprennent des règles de vie en société et les valeurs de la République. Depuis 2024, ces cours d’une heure par semaine participent à lutter contre le harcèlement scolaire.

Voilà donc une bonne initiative que ces cours d’empathie, car il est important de transmettre des valeurs humanistes le plus tôt possible. 
Cela dit, l’école ne peut pas tout. C’est à nous, les adultes, de donner aussi l’exemple de la bienveillance en s’efforçant de « faire plus douceur que violence ». 
Hélas, les enfants sont plus témoins de violence que de douceur.