Le bridge, un jeu de carte élitiste pour les bourgeois intellos ? Pas du tout, répond Hélène, joueuse fameuse, qui botte en touche les a priori négatifs qui pèsent sur cette activité bonne pour la santé mentale. 

Par LN

« Tu pousses, tu pousses mais malheureusement, je n’ai qu’une petite ouverture ». Non, ce n’est pas le début d’une histoire graveleuse, mais la réponse d’une joueuse ayant ouvert une partie de bridge avec un as de pique à son partenaire qui s’enflammant devant son beau jeu, vise le grand chelem. 
Le bridge est un jeu de cartes englobant trois compétences : enchères, jeu de la carte en face du mort et jeu en défense pour empêcher le déclarant de réaliser son contrat. 
La complexité du vocabulaire des bridgeurs rebute souvent les débutants. Pourtant, ce jeu est le plus passionnant de tous les jeux de cartes et accessible dès la 6ème (il faut pouvoir tenir 13 cartes dans ses mains).
Adeptes de la belote ou du tarot, sachez que tous les clubs de bridge ont des enseignants pour initier les débutants et qu’on peut s’amuser tout de suite. On est loin d’Agatha Christie et de son colonel à la retraite associé à la femme du pasteur….
En plus de faire travailler les neurones et de favoriser la concentration, la mémorisation, et le sens de la stratégie, au point d’ailleurs d’être adoubé par les gériatres, le bridge joue un rôle social important : le club est un lieu de grande convivialité, accessible à tous qui plus est. Pas besoin de détenir une bourse de Rothschild pour y entrer ! 
Si les tournois de bridge d’après-midi sont de bons prétextes pour les seniors de se retrouver, le bridge aspire à attirer des jeunes aussi : partenariat avec l’éducation nationale, et colonies de vacances sont autant d’occasions de recrutement de nouveaux joueurs. Bien sûr, les joueurs de niveau international sont encore peu connus du grand public, pas comme les joueurs d’échec, mais cela pourrait changer car ce sport cérébral ambitionne d’intégrer les jeux olympiques. 

J’ai la chance d’intervenir dans les écoles pour transmettre cette discipline. Quand je demande aux élèves pourquoi ils ont choisi le bridge plutôt que la photo ou le théâtre, beaucoup répondent qu’ainsi, ils sont prioritaires à la cantine ! 
C’est la même raison qui a amené Quentin R., un joueur de bridge professionnel de grand niveau, avec qui j’ai fait un stage l’été dernier, à choisir le bridge quand il était jeune. 
Il n’y a que les voies du Seigneur qui sont impénétrables.