Comment transmettre son histoire familiale ? Et si on se servait des recettes de cuisine qui sont propres à chaque famille ? Inviter devant ses fourneaux ses enfants et petits-enfants, qu’ils soient filles ou garçon, permet non seulement de créer des ponts entre les générations mais aussi de donner de la valeur aux goûts qui se partagent autour d’une table. 

par Claudie Perrot 


Manger et cuisiner sont des activités volontaires, sociales et culturelles. Tout le monde mange mais pas les mêmes aliments, pas la même cuisine et la cuisine évolue comme la société évolue.
J’aime cuisiner et ma grand-mère y a beaucoup contribué. J’ai reçu la cuisine en héritage ; ce n’est pas un héritage légué chez le notaire mais c’est un savoir-faire qui s’est transmis dans une cuisine et devant les fourneaux.
Pour la mère de famille que j’ai été, nourrir mes enfants a été la plus tendre des obligations. Mais très tôt, j’ai sollicité mes trois fils afin qu’ils participent à la fabrication des repas. 

Cuisiner avec ses parents et ses grands-parents, ce n’est pas seulement apprendre à faire un plat, c’est absorber une culture et une histoire familiales. C’est nouer des liens avec ses aïeux et ça fait du bien. La transmission passe par l’observation, l’identification des odeurs, le bruit du fouet, le crépitement du beurre au fond de la cocotte et l’activité physique en mettant la main à la pâte.
Quand on pense aux recettes de grands-mères notées sur un cahier ou sur un bout de papier, on visualise tout de suite un savoir-faire, quelque chose de généreux, de traditionnel. On se souvient de saveurs et de parfums liés à son enfance.
Les grands-mères ont du temps pour cuisiner et elles sont elles-mêmes dépositaires de l’héritage culinaire familial. Leurs recettes sont souvent celles de plats traditionnels parfois d’origine régionale ou étrangère. Depuis que je suis grand-mère, je transmets avec bonheur mes petits secrets culinaires et tours de mains à mes petits-enfants. J’aime ce passage d’expériences entre eux et moi, ses savoir-faire qui passent de mes mains aux leurs. L’un de mes petits-enfants m’a même offert un livre blanc pour que je le remplisse des recettes que je leur ai apprises quand ils venaient en vacances chez moi… 

Ces échanges autour des recettes de cuisine permettent à nos liens intergénérationnels de rester forts. Ils m’obligent à fouiller ma mémoire et me font me sentir riche d’un capital à transmettre.