La polémique des bassines entre agriculteurs et écologistes dans les Deux Sèvres l’automne dernier a réveillé chez Françoise un souvenir d’enfance. Et si les agricultures avaient une vision à trop court terme ?
Par Françoise Bailly
Le projet de construction de « bassines » de rétention d’eau dans les Deux-Sèvres et les manifestations écologistes puis l’émoi médiatique que cela a suscité m’a interpellée. Pourquoi pareille polémique ? Et d’abord de quoi parle-t-on ?
De creuser un espace équivalent à 300 piscines olympiques. De l’imperméabiliser à l’aide de bâches en plastique. De le remplir d’une eau pompée durant l’hiver dans la nappe phréatique. De permettre à une poignée d’agriculteurs, surtout des agro-industriels cultivant du maïs, de se connecter à ce réservoir d’eau en été, durant la sécheresse, à l’aide de kilomètres de tuyaux. Ces travaux devant être subventionné à 60% par des fonds publics, sous la haute autorité du Préfet de région, en l’occurrence des Deux-Sèvres.
Le bon sens me souffle cette réflexion : pourquoi ne pas laisser cette eau où elle est ? Bien à l’abri de l’évaporation, à l’abri de la pollution et à disposition de chacun ?
Puis un souvenir de jeunesse m’est revenu. Je me suis rappelée de mon père et ses amis, petits paysans, discutant du bien-fondé de l’abattage des haies, préconisé à l’époque pour ouvrir l’espace à une agriculture plus performante disait-on. Il n’a fallu que quelques décennies pour s’apercevoir que c’était une bêtise, et subventionner la réhabilitation des haies. La raison économique n’est pas toujours la plus avisée.
L’idée de ces bassines avançant à bas-bruit depuis un moment, et le réchauffement climatique semble-t-il à grands pas, ne faudrait-il pas en débattre encore ?
Que se passera-t-il, quand pompage et sécheresse auront mis à mal la nappe phréatique et qu’il sera demandé aux petits paysans, horticulteurs, jardiniers du dimanche et habitants des bourgs et villages environnants de limiter leur consommation d’eau ?
Et si, un jour, ces bassines étaient considérées comme inutiles, que ferait-on des kilomètres de tuyaux et des tonnes de déchets plastiques dus à leur démantèlement ?
Plus que jamais, avec tant de questions en suspens, restons curieux !