Revue de presse
Les résidents de la résidence de la Rose des Sables et les étudiantes en BTS économie sociale et familiale du Lycée Flaubert de Rouen ont été invités à parler ensemble de sujets d’actualité ou de société. Extraits des échanges :
L’incursion de mots anglais dans le français est de plus en plus fréquente. Est-ce un mal, est-ce un bien ? Peut-on y échapper ? Le français en est-il véritablement affaibli ? D’une génération à l’autre, cette présence est-elle vécue de la même manière ? Autant de questions qui ont nourri cet échange.
Étaient présents :
Résidents de la résidence de la Rose des sables : Andrée, Anne-Marie, Chantal, Brigitte, Chantal, Denise, Eugène, Jacqueline, Jean-Louis, Jean-Luc, Josette, Marcelle, Margaret, Maryse, Mireille, Nicole, Odile, Renée, Serge et les animatrices : Gracinda et Edwige.
Étudiantes en 2ème année, BTS économie sociale et familiale : Anaïs, Astrid, Aurélie, Chaïma, Chloé, Coralie, Élisa, Eloïse, Jeanne, Johanna, Katiana, Kathleen, Lena, Mathilde, Mulan et leurs professeures : Margaux et Nathalie.
Andrée : Je suis d’origine anglaise et parfaitement bilingue, malgré cela je suis affolée par le nombre d’anglicismes présents dans la langue française. Je constate depuis de très nombreuses années qu’il y en a de plus en plus. J’ignore comment cet envahissement est perçu au quotidien, pour ma part, je le trouve tout à fait excessif. Beaucoup de personnes qui écoutent la radio sans être habituées à la pratique des langues doivent avoir du mal à comprendre le sens de certaines phrases. L’anglais s’immisce partout ! Rendez-vous compte que sur France Culture est diffusée une émission littéraire qui s’appelle « le book-club ».
Sans compter que certains mots sont traduits de manière approximative.
Brigitte : On peut considérer cela comme un aspect agaçant de l’évolution de la langue. Comme beaucoup de personnes de mon âge, je me suis longtemps braquée mais, petit à petit, j’ai fini par accepter ces changements. Inévitables. Nous sommes obligés d’évoluer.
Renée : Je ne trouve pas que cette tendance soit naturelle, elle prend trop de place. Ce qui m’attriste c’est, qu’à présent, on a l’impression de n’entendre que des chansons en anglais à la radio.
Andrée : J’imagine que les jeunes générations éprouvent moins de difficultés face à ce phénomène.
Élisa : En effet, l’anglais fait partie de notre quotidien très tôt maintenant. Dès la maternelle, on nous apprend quelques mots simples. Les jeunes s’accoutument ainsi aux langues étrangères dès le plus jeune âge et ils n’éprouvent pas de gêne quand ils doivent utiliser du vocabulaire étranger.
Chloé : Nous évitons d’utiliser ces anglicismes ou les expressions trop modernes dans le milieu professionnel ou dans la vie courante avec nos proches. Nous nous adaptons. Nous ne parlons à nos parents comme à nos copines.
Margaux : Dans mon métier d’enseignante, je demande souvent aux étudiantes de chercher des mots précis et variés. C’est important. Je garde un profond amour pour la langue, la sémantique. Ce qui m’attriste, c’est surtout l’appauvrissement du vocabulaire et donc de la pensée.
Nathalie : L’enseignement que nous proposons est un outil pour maintenir la richesse du français. Mais je pense que les mots anglais enrichissent aussi notre langue. Je regrette plutôt que certains mots soient peu utilisés sans que cela soit justifié, par exemple « ordinateur » est souvent remplacé par « PC ».
Serge : Il faut faire l’effort de chercher des synonymes.
Chloé : A l’école, l’apprentissage de la langue est devenu moins précis par rapport à ce que j’ai connu ces dernières années comme élève. En comparant avec ce qu’apprennent nos frères et sœurs, on s’aperçoit qu’il n’y a plus vraiment de corrections ou que l’usage des accents n’est plus respecté.
Brigitte : Il y a bien longtemps, j’ai eu la chance d’apprendre le français avec des professeurs extraordinaires qui nous amenaient à bien nous exprimer. Les fautes d’orthographe étaient sanctionnées, c’était important !
Josette : On parle de l’apprentissage du français mais on ne parle pas des personnes qui doivent l’apprendre. C’est très compliqué pour certaines d’entre elles. J’ai travaillé 40 ans à la Caisse des allocations familiales où l’on croise des populations qui maîtrisent très mal le français, donc il faut faire attention à ne pas complexifier cet apprentissage. Les formations doivent rester claires pour les aider à acquérir une bonne maîtrise de la langue française.
Brigitte : Tous ces problèmes autour de la langue ne sont pas une spécialité française. L’anglais est parlé dans tous les pays, on ne peut pas l’ignorer même si je suis fière de parler la langue de Molière.
Josette : Le problème de la mondialisation concerne les langues mais les habitudes de vie aussi. Les mêmes enseignes de magasins se retrouvent dans tous les pays. Il n’y a plus de spécificités régionales, bientôt, on trouvera partout la même nourriture, les mêmes vêtements, etc…
Brigitte : Tout cela devient une sorte de norme que nous avons complètement assimilée et à laquelle on ne fait plus attention. Quand je porte un « sweat », je ne cherche pas à utiliser un autre terme pour le désigner.
Serge : Un autre exemple de mot anglais qui a pénétré la langue française ; c’est, dressing. Cependant, même si des mots sont complètement intégrés, j’essaye de ne pas les utiliser. Il faudrait peut-être que l’Académie française revienne sur ce problème.
André : Vous vous souvenez de Monsieur Toubon ? Il a été Ministre de la culture et de la francophonie dans les années 90. Pour promouvoir la francophonie, il a proposé une liste complète de mots à utiliser à la place des mots anglais. Mais cette tentative n’a pas été couronnée de succès et ses détracteurs ont rebaptisé la loi Toubon, « loi All Good » !