Et si le rituel de la galette des rois de janvier finissait par lasser ? Et émousser le plaisir de croquer dans une croustillante pâte feuilletée remplie de frangipane tiède ? C’est la question posée par Martine, qui ravive au passage une délicieuse comptine issue de la littérature jeunesse. Roule galette. 

Par Martine Lelait.

Ceux qui ont été des enfants se souviennent peut-être des albums du Père Castor qui ont bercé leur jeunesse. C’est mon cas et parmi eux, je garde au cœur tout particulièrement « Roule Galette ».
Dans cette histoire, une jolie galette mise à refroidir sur le bord d’une fenêtre s’échappe pour aller faire un tour dans la forêt où elle rencontre successivement un lapin, un loup et un ours, tous alléchés par sa belle odeur mais elle leur échappe à chaque fois en chantant son petit refrain :

Je suis la galette, la galette,
 Je suis faite avec le blé
Ramassé dans le grenier
On m’a mise à refroidir
Mais j’ai mieux aimé courir
Attrape-moi, si tu peux… !

Elle n’échappera toutefois pas au renard, aussi filou que celui de La Fontaine face au corbeau, puisque feignant de ne rien entendre de la chansonnette, le rusé s’approchera de plus en plus près, en tendant l’oreille, jusqu’à ce qu’il engloutisse la galette.

Nous revoilà en janvier et la vaillante galette est de retour. S’il n’y avait que moi, elle aurait pu continuer à se promener dans les bois en toute quiétude !

Je n’ai pas trouvé d’information avérée sur l’origine de la galette. Certains font référence à l’Épiphanie et aux rois mages, d’autres mettent en doute que les mages aient été rois, voire même qu’ils aient réellement existé ; d’autres encore renvoient aux Saturnales romaines où il était de tradition que patriciens et esclaves, toutes classes sociales confondues, partagent un gâteau et désignent le roi de la fête.

Pour ce qui me concerne, je suis plutôt gourmande ; je n’ai rien contre la pâte feuilletée quand elle est bien dorée et croustillante et j’aime plutôt bien la frangipane. J’apprécie aussi le côté convivial des repas ou goûters partagés. 
Alors qu’est-ce donc, me demanderez-vous, que je n’aime pas dans la galette ? Qu’elle fasse plein de miettes ? Ça, c’est certain. Que ce soit gras à manger à la main ? Oui assurément, mais ce n’est pas le cœur du problème. Je m’accommoderais facilement de ces petits désagréments si la galette savait se faire désirer. Or, ce n’est pas le cas du tout, la galette faisant son apparition dans les supermarchés dès avant Noël et y demeurant jusque fin janvier.  
J’apprécie généralement la première galette, un peu moins la deuxième et ainsi de suite : je sature très vite. Cela me rappelle ce Conseiller général qui, il y a quelques années, m’avouait n’en plus pouvoir des galettes : il en était à sa 21ème galette après moult cérémonies de vœux dans les maisons de retraites, les mairies de son canton, les centres sociaux, les hôpitaux et j’en oublie certainement.

Je me refuse pour ma part à friser l’indigestion de galettes au mois de janvier et revendique, a contrario, le droit de pouvoir manger de la galette en plein mois de juin ! Mais que nenni, elle sera alors introuvable jusqu’à Noël prochain, … sans doute repartie se balader en forêt. Allez roule galette !