Madeleine Chalin s’embarque volontiers dans des jeux de questions/réponses qui l’amènent à témoigner de son présent d’octogénaire vivant en Ehpad, à comparer aujourd’hui avec hier. Et toujours à livrer sa façon de penser. 

Par Madeleine Chalin

Souffrance 

La souffrance fait désormais partir de ma vie : des douleurs osseuses et organiques me prennent en tenaille, plus ou moins violemment, tout dépend de l’antalgique que j’ai absorbé. Le plus efficace m’assomme et me prive de ma tête. Or, ma tête est tout ce qui me reste. Donc pas question que je la sacrifie et que je cesse de penser, d’être présente aux autres qui viennent me voir. Alors, je souffre. Et j’ai beau être chrétienne, je n’arrive pas à sublimer cette souffrance. Elle est là et elle m’use. 

Gentillesse 

Récemment, ça n’est pas un médicament qui m’a sortie de la souffrance qui m’accablait, mais un geste de gentillesse. Une aide-soignante, qui travaille depuis peu dans l’Ehpad où je vis, a remarqué que j’allais mal.  Elle a alors posé une main ferme et douce sur mon épaule. Une main qui semblait dire : « je perçois ta détresse et je te prends dans mes bras pour te réconforter ».  Cette main sur mon épaule m’a donné envie de continuer encore un peu. Et m’a rendu celle à qui elle appartient précieuse. C’est important la gentillesse. Elle peut beaucoup.  

Foi 

On ne m’a jamais tendu la main, ni lorsque j’étais enfant et que j’aurais bien aimé étudier, ni plus tard, lorsque je me suis retrouvée au chômage. Heureusement que j’avais la foi. La foi m’a aidée. C’est dans une église que le désir d’écrire m’est apparu. Des phrases me venaient toutes faites, prêtes à être coulées sur le papier. J’ai commencé à écrire des poèmes, à participer à des concours. A force des gagner des prix, j’ai eu envie de publier un recueil de poésie. Ce que j’ai fait à deux reprises