Madeleine Chalin s’embarque volontiers dans des jeux de questions/réponses qui l’amènent à témoigner de son présent d’octogénaire vivant en Ehpad, à comparer aujourd’hui avec hier. Et toujours à livrer sa façon de penser. 

Par Madeleine Chalin

Enfance laborieuse 

Ma mère est morte en couche et l’enfant qu’elle portait aussi. J’avais trois ans et demi. Notre père n’était pas armé pour rester seul avec trois enfants. Il s’est remarié rapidement. Ça nous a valu, à mes frères et sœurs et à moi, une enfance difficile. Je me souviens qu’avant de partir pour l’école, nous devions mener les moutons à la pâture et aussi ramasser de l’herbe pour les lapins. Quand je vois la manière dont on élève les enfants aujourd’hui, comme des petits rois, je me demande s’ils comprennent qu’ils sont protégés. Que la vie ne sera pas toujours une suite de distraction. Sans doute pas. De même que lorsque j’étais enfant, je n’avais pas conscience qu’on m’en demandait beaucoup. A mes enfants, j’ai voulu leur donner une éducation où il n’y avait pas que du travail. Aussi de la culture, de la musique et de la peinture. Mais avec les enfants, on ne sait pas ce que l’on sème ! 

Du travail pour tout le monde. 

Il y a moins de travail et de plus en plus de gens au chômage. Pourquoi ne partage-t-on pas davantage le travail qui reste ? Ou pourquoi ne s’emploie-t-on pas à remettre la planète debout ?  Ça en donnerait du boulot !  Il existe sur la mer une île de déchets. Imaginez le nombre d’emplois qu’on pourrait créer à recycler ces déchets en matières premières ?