La discrimination liée à l’âge est quotidienne si on sait écouter entre les lignes et repérer les expressions âgistes qui parsèment le langage courant. Thésy est partie à leur chasse.  

Par Thésy Bionnier

Nous n’avons plus vingt ans, c’est certain, et cela se voit, mais est-il nécessaire de le souligner avec ces petites phrases qui frisent la maladresse si ce n’est le manque de respect ?

 Il suffit parfois d’avoir tout juste 60 ans pour avoir déjà droit au fameux « Bonjour, ma p’tite dame » : pourquoi petite ? Madame serait plus court !

Sans oublier ces réflexions entendues sur les marchés : « alors la mémé, on s’impatiente ? » ou encore « et alors, il a oublié son sonotone aujourd’hui, le papy ? ».  Il serait pourtant si simple de dire « je suis à vous tout de suite, madame » ou de se pencher vers le monsieur un peu sourd et de répéter gentiment.

Même les remarques se voulant protectrices véhiculent un message disqualifiant. En particulier celles qui soulignent les fatigues corporelles liées à l’âge et qui tombent comme un cheveu sur la soupe quand on est alerte et qu’on tient encore sa place dans la société. 

– « Ne bougez pas, moi, je suis jeune » : cette prévention est gentille, elle part d’un bon sentiment. Mais si bouger m’aide à moins m’ankyloser justement ? 

– « A ton âge, tu ne devrais plus retourner la terre ». Et pourquoi non ? Et si jardiner est mon plus grand plaisir et que cela me maintient en forme ? 

– « T’adonner à cette activité ! Mais à quoi tu perds ton temps ? » : Qui vous dit que je le perds ? J’en ai davantage alors je fais ce qui me plaît. 

– « Marche plus lentement, tu es pressée ? » :  Et si justement, mesurant qu’il m’en reste peu, je décide de presser le pas pour vivre le plus de choses possibles ? Pourquoi vous étonner que j’ai encore un projet de vie à mon âge ? Les rêves n’ont pas d’âge.  

Heureusement que l’âge n’est pas seulement synonyme de pertes et d’incapacités et qu’il nous est aussi reconnu des compétences et des savoirs. Ce que traduisent ces autres petites phrases, qui pour le coup nous font plaisir. 

  • « Maman, peux-tu me faire un peu de couture, toi qui a appris les travaux d’aiguilles à l’école » ? 
  • « Maman, je dois rédiger un rapport très important. Peux-tu le vérifier, toi qui es une championne en orthographe » ?
  • « Maman, j’ai un grand dîner à organiser, pourrais-tu m’aider toi qui connais les conventions et les bonnes recettes » ? 
  • « Mamie, toi qui as vécu longtemps, raconte comment c’était lorsque tu étais petite ? »
  • « Ne t’inquiète pas, mamie ! Quand tu seras vieille, c’est moi qui t’achèterai ton déambulateur » dixit une enfant de 8 ans à sa grand-mère de 74.