A quoi ressembleraient nos vies sans ces personnes, qui, par leur attention aux autres, mouillent le maillot de l’humanité ? Les rédactrices des Curieux Aînés leur disent merci. 

Merci à Mathilde, éducatrice spécialisée pour adultes autistes

Par Françoise S.  

Mathilde était éducatrice spécialisée pour adultes autistes dans un foyer d’accueil médicalisé de Seine-Maritime. Elle avait constaté que les adultes pouvaient s’ennuyer le week-end par manque d’activités et de sorties. Un tiers des résidents ne recevaient pas de visite ou n’avaient plus de famille. Pour les adultes de son établissement, elle a donc pris l’initiative d’organiser des sorties différentes. Elle a créé l’association Alpa, (association de loisirs pour personnes avec autisme) pour permettre aux adultes autistes de bénéficier de sorties culturelles, d’assister à des concerts, d’aller au théâtre ou au cirque, de s’initier à la peinture et au modelage, de participer à des après- midi dansants, à des goûters, à des promenades avec des ânes ou même de faire un baptême de l’air. 

Adhésions et dons ne suffisant pas pour faire tourner l’association, des manifestations telles que des foires à tout, des tombolas, des concerts de jazz et de reggae, du théâtre, ont été organisés pour étoffer le budget.

En 2008, Mathilde s’est rapprochée de l’association Ciné ma Différence, pour proposer chaque premier samedi du mois, à 15 h 50, des séances de cinéma dans une salle de Grand Quevilly. 

Mathilde avait remarqué que les familles d’autistes n’osaient pas emmener leur jeune au cinéma à cause de leurs cris, rires, bizarreries et troubles du comportements pouvant gêner les autres spectateurs.  Ces séances réservées aux autistes adultes et à leurs familles mettaient fin à une exclusion et leur permettaient de partager un moment agréable, sans la peur de déranger. Mathilde a formé quelques bénévoles pour organiser ces sorties cinéma. J’en étais. 

Nous portions des gilets jaunes (nous étions d’avant-garde !) et recevions les familles, enfants et adultes accompagnés, devant le guichet. Certains bénévoles se postaient devant la salle et distribuaient des flyers, tandis qu’un autre vérifiait les tickets, d’un coût modeste.

Après l’installation des spectateurs dans la salle, les bénévoles (jusqu’à 8 par séance) s’asseyaient près des escaliers avec une petite lampe-torche.

Je me souviens avoir fait beaucoup de descentes et de montées avec des enfants. Il fallait aussi accompagner les adultes aux toilettes. Nous apportions un sac de jeux et les petits pouvaient se détendre assis devant l’écran avant le début du film. Une petite animation sur l’écran montrait que les porteurs de handicap pouvaient s’exprimer et se sentir à l’aise. Le temps de la séance de cinéma, c’était eux la norme ! Les films étaient adaptés : il s’agissait souvent de dessins animés. La lumière et les sons étaient atténués pour les hyper-sensoriels.

Mathilde, de sa douce voix faisait une petite présentation de l’association Alpa et de Ciné ma différence et rappelait que la séance était spécialement réservée aux autistes et autres handicapés. Il était nécessaire de prévenir les spectateurs pour éviter leur incompréhension. Chaque séance réunissait en moyenne 80 spectateurs et seule une moitié souffrait d’un handicap.  

Un grand merci à Mathilde de m’avoir permise de participer à cette bienveillante association en tant que secrétaire, pendant huit ans, et d’avoir pu participer, en famille, avec mon fils, à de joyeux après-midis, à des cinés et spectacles. Ce fut pour moi une heureuse période.