La télévision délivre parfois des pépites. Marie en a découvert une : le portrait d’un jeune styliste, talentueux, inventif et généreux, Mossi. Elle partage son enthousiasme.
Par Marie H.
A la fin d’une longue journée, alors que fatiguée, je sommeille à demi devant l’écran allumé de ma télévision, une musique un peu forte me réveille. J’ouvre les yeux et, ravie, vois apparaître un grand et beau jeune homme vêtu d’une longue tunique blanche et d’un ample pantalon noir. Il affiche un sourire éclatant, des dreadlocks brillantes qui lui tressent une sorte de couronne.
L’interview commence et j’apprends que ce jeune homme au maintien réservé, nanti d’un bagage scolaire léger, a su trouver sa voie en dehors des chemins balisés de l’Éducation Nationale. Il a créé sa propre maison de couture et mis sur pied une ligne de vêtements à laquelle il a donné son prénom Mossi.
La grande admiration de Mossi, c’est la couturière, aujourd’hui disparue, Madame Grès, la reine des plissés somptueux qui changeaient les mannequins en statues grecques. Elle créait ses modèles en sculptant les étoffes.
La dernière collection de Mossi s’inspire de la tenue des éboueurs de nos villes. C’est un hommage à son père immigré qui a rempli cette fonction, on ne peut plus utile, trop souvent méprisée. Ces vêtements, présentés par des jeunes gens des deux sexes, sont décontractés et plus faciles à porter que les délires de certains stylistes confirmés.
Un de ses défilés s’est déroulé au cimetière du Père Lachaise, s’il existe un au-delà, les morts ont dû se réjouir du passage de tout ce joli monde.
Le Vogue américain a envoyé l’un de ses reporters afin d’interviewer le jeune couturier ; c’est ainsi que Mossi a eu la chance de rencontrer l’icône incontournable de la mode, la journaliste et ancienne rédactrice en chef de l’édition américaine du magazine de mode Vogue, Anna Wintour (elle a inspiré le personnage de Miranda Priestly, interprété par Meryl Streep dans le Diable s’habille en Prada). Mossi l’a invitée à venir assister à l’un de ses prochains défilés. La déesse de la mode a daigné répondre par un bref, mais inespéré, « why not ? » Pourquoi pas ?
Courage Mossi, la fée-sorcière à la frange blonde immuable n’en a pas accordé plus à certains futurs couturiers devenus célèbres. Ce « why not » est peut-être une promesse.
Non content de réussir dans son métier, Mossi a également fondé à Paris une école de couture gratuite ; lui, dont la famille n’aurait pas pu payer une école de stylisme, a pensé à tous les jeunes et moins jeunes qui ont de l’or au bout des doigts et pourront grâce à sa généreuse initiative exercer un métier-passion. D’anciennes employées de grandes maisons de couture ont accepté d’offrir leur savoir-faire aux élèves de l’école.
Un proverbe africain dit : « Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Bravo Mossi et bonne route.