La nomination Gabriel Attal au poste de Premier Ministre a suscité bon nombre de commentaires à la résidence Saint-Joseph de Sotteville-lès-Rouen. Et a permis aux résidents de s’interroger sur le réel pouvoir des élus et l’utilité d’aller voter.

Étaient présentes : Christiane, Danièle, Francine, Jeannine, Liliane, Mireille, Raphaël, Rolande et de l’animatrice, Régine.

Liliane : Quand on change de premier ministre, on a l’impression de tout balayer. On va voir ce que vaut Gabriel Attal et s’il peut amener des choses nouvelles.

Francine : On espère qu’il va remonter la France mais il est quand même très jeune.

Jeannine : Il manque d’expérience.

Danièle : Ce n’est pas un gamin, il faut lui donner sa chance.

Régine : Durant 6 mois en tant que Ministre de l’Éducation, il a fait bouger les choses.

Liliane : On espère qu’il pourra en faire autant comme Premier Ministre. Vu de l’extérieur, il a une gueule d’ange, mais on ne sait pas ce qu’il y a dedans.

Rolande : On le compare à Laurent Fabius qui était jeune lui aussi, quand il a été nommé Premier Ministre par François Mitterrand.

Liliane : On l’a bien connu, Fabius, dans la région en tant que député et adjoint au maire de Grand-Quevilly où il a fait de grandes choses.

Mireille : Au niveau local, il a toujours été barré par le maire de l’époque, Tony Larue qui a dirigé Le Grand-Quevilly de 1935 à 1995 sauf pendant la guerre. Tout le monde se souvient de lui.

Liliane : Tony Larue était un homme pour qui le cadre de vie importait. Il voulait qu’il y ait un rosier dans chaque maison, pour chaque habitant. 

Mireille : Le quartier Sainte-Lucie a été construit durant l’un de ses mandats ; tous les équipements nécessaires pour rendre ce quartier dynamique ont été conçus dès l’origine. Ce fut une réussite. Tony Larue a eu un impact très important. Depuis, on dit pour parler des nouveaux maires : « C’est pas Tony ». 
Ce sont les maires qui ont le rôle le plus important pour notre vie quotidienne, mais leurs responsabilités augmentent sans cesse. L’État adopte des mesures qui rendent leur tâche plus compliquée, ce n’est pas facile à assumer.
C’est pour les soutenir qu’il est important de voter. Je me suis toujours imposé de le faire sérieusement, en lisant les programmes des candidats, sinon on ne sait pas à quoi l’on s’engage. C’est ainsi que j’ai pu faire des choix sans jamais les regretter. En général, je me méfie des gens qui font du blablabla.

Jeannine : Moi, je vote toujours et quand je suis malade, je donne une procuration. C’est important de participer. Ça compte. Je vote en pensant aux autres et je choisis toujours des candidats qui font de la politique dans cette perspective.

Liliane : Quand on vote, on peut contester ce qui a été fait. Les gens qui râlent sans se rendre aux urnes, je leur fais comprendre qu’ils n’ont plus que le droit de se taire, en tout cas que leur parole n’est pas très légitime.

Liliane : Quand on vote, on peut dire ce que l’on pense et « ramener sa fraise ». Je me souviens de mes parents qui se sont battus pour que les femmes obtiennent le droit de vote. J’ai toujours voté en pensant à eux même si, parfois, j’ai eu du mal à choisir un candidat. Il m’est arrivé de lancer les bulletins en l’air à la maison et c’était le chat qui choisissait.

Rolande : Moi je votais parce que ma mère m’y forçait, sinon j’aurais pris une dérouillée. Je n’y connaissais rien, je votais blanc.

Christiane : J’ai voté pour la première fois en 1953, le jour du baptême de mon 1er fils, je n’y connaissais rien, mon premier mari me disait qui choisir. Chez moi, je n’avais pas le droit de parler, seuls les hommes participaient aux discussions. J’aurais bien voulu me mêler à eux mais ils ne me prenaient pas au sérieux. Je n’ai pas eu le courage de m’opposer. Avec mon second mari, j’ai enfin pu m’exprimer.

Liliane : Jamais, je n’aurais écouté un homme me dire pour qui voter, j’aurais fait le contraire. Je savais ce que je voulais.

Francine : J’ai toujours voté. Mon père était conseiller municipal, mais certaines décisions n’étaient pas faciles à admettre. Une année, le conseil devait choisir entre deux projets : développer le chauffage de l’école ou aménager un terrain de foot. C’est le terrain de foot qui l’a emporté. Mon père pensait que l’école aurait dû être prioritaire, il a donc démissionné. Et puis, il était fatigué : un élu local doit s’occuper de tout.

Raphaël : Je n’ai jamais voté, ça ne m’intéressait pas. Ma vie n’était pas sédentaire, je voyageais beaucoup avec mes parents. Et puis, c’est toujours pareil, des gens sont élus mais il n’y a pas de changement.

Régine : Il y a beaucoup de promesses qui sont rarement tenues.

Danièle : J’avais un oncle qui faisait de la politique, son petit-fils a été député, mes parents votaient, ma famille, mes voisins et pourtant moi, je n’ai jamais voté. Je n’y comprenais pas grand-chose ; aujourd’hui, ce serait sans doute différent. J’ai un peu l’impression d’avoir déshonoré la famille.
Ça ne veut pas dire pour autant que j’ai du mépris pour les politiciens, je trouve même que parfois les gens sont durs avec eux. Je pense notamment à Sarkozy qui se retrouve avec plusieurs procès, Chirac aussi a eu des problèmes avec la justice. Je ne sais pas si j’ai raison mais je les plains quand même ; ils ont travaillé dur même si, finalement, voter pour eux n’a pas servi à grand-chose.
Je trouve aussi que Macron est assez courageux. Quand il y a un conflit, il est le premier à aller sur le terrain, il ne se cache pas.

Régine : Ça se retourne contre lui aussi.

Rolande : Il n’y a pas à plaindre les hommes politiques. Ils travaillent pour eux, ils ne font pas tout cela par simple bonté d’âme. La politique est souvent faite par des riches qui travaillent pour les riches.

Jeannine : Maintenant, les personnes en politique me semblent de plus en plus prudentes, quand elles expriment leurs opinions.

Danièle : C’est une chance de pouvoir s’exprimer, mais aujourd’hui, ça peut être dangereux et il y a des personnes qui le payent de leur vie.

Raphaël : Il y a toujours de la violence.

Liliane : C’est pourquoi il est d’autant plus important de voter. Il faut voter pour protéger le droit de vote.