En ce début d’été, l’embrasement qu’ont vécu de nombreuses villes de France occupe tous les esprits. Les résidents de la Rose des sables partagent leurs impressions.

Extraits des échanges.

Avec : Brigitte, Chantal, Dania, Elisabeth, Jean-Louis, Marie-Mad, Francine, Renée et Gracinda, animatrice. Fanny, la nouvelle correspondante des Curieux Aînés était également présente.

Quand les villes s’embrasent.

Brigitte : L’embrasement des villes suite à la mort du jeune Nahel me pose beaucoup de questions. 

Renée : Ce jeune ne méritait pas la mort, ce n’était certainement pas un petit saint mais il ne méritait pas de mourir ainsi. Je ne sais pas pourquoi le policier a fait ça. 

Brigitte : Ce policier n’avait pas le droit d’utiliser son arme mais les conséquences de ce geste, les embrasements de certains quartiers et les pillages me semblent révélateurs. La France est en souffrance, les banlieues ont exprimé leur colère. 

Marie-Madeleine : Qu’est-ce-que cette violence apporte ? J’ai entendu les jeunes dire qu’ils voulaient être entendus : « On ne s’occupe pas de nous, vous ne nous écoutez pas mais on est là ». On vit les uns à côté des autres, on ne vit pas avec les autres. Notre monde fait preuve d’un individualisme épouvantable où chacun ne voit que ses problèmes.

Brigitte : Visiblement, les parents des enfants de ces quartiers n’arrivent plus s’occuper de leurs enfants. Les jeunes sont dans des ghettos.

Elisabeth : C’est toujours la différence qui nous fait remarquer. 

Renée : Ces jeunes détruisent leurs propres quartiers et punissent des gens qui n’y sont pour rien. 

Dania : L’époque est différente mais je me souviens que, plus jeune, j’habitais en HLM et mes enfants savaient ce qu’ils pouvaient faire et ne pas faire. Ils n’avaient pas le droit de sortir le soir.

Elisabeth : Quand des mamans élèvent seules leurs enfants, on peut comprendre qu’elles n’y arrivent pas, quand il n’y a plus de père, les enfants prennent le contrôle de la maison.

Dania : Certains se croient tout permis. Mon fils était gendarme mais au bout de quelques temps, il n’en pouvait plus, il avait peur, il faisait son travail et se faisait agresser. Quand il arrêtait des jeunes qu’il prenait sur le fait, il les retrouvait quelques jours après dans la rue. Les jeunes en question étaient déjà ressortis et narguaient ceux qui venaient de les arrêter en leur faisant des pieds de nez. Mon fils faisait pourtant tout son possible pour les aider. A la fin, il a démissionné.

Renée : On a toujours eu tendance à parquer les gens d’une même origine dans un même quartier, on a peut-être eu tort, on a favorisé la création de bandes. Les gens ont l’impression de ne pas vivre dans le même monde que les autres. Comment faire pour vivre ensemble ?

Elisabeth : En ce qui concerne les familles qui sont d’origine étrangère, la mise à l’écart se ressent dès qu’on arrive dans son nouveau pays. On ne parle pas forcément la langue locale et on recherche toujours les gens qui parlent la même langue que nous.

J’ai vécu en Norvège, en arrivant j’ai bien vu qu’il était tentant de fréquenter les gens qui parlaient la même langue que nous.

Renée : J’ai donné des cours de français à des étrangers, au sein d’une association, le secours catholique, les gens étaient demandeurs d’apprendre le français. Pour eux c’était une nécessité pour rencontrer les professeurs de leurs enfants, échanger avec les docteurs et même pour faire leurs courses.

Maintenant j’ai une auxiliaire de vie d’origine étrangère, elle est bardée de diplômes et pourtant elle fait mon ménage. Elle ne trouve pas de travail équivalent à ses diplômes. On pourrait beaucoup mieux intégrer les gens dans notre pays. Ils en ont envie.

Fanny : Mais les jeunes qui sont dans les rues ne sont pas tous d’origine étrangère. Ce sentiment d’exclusion ne concerne-t-il pas tous les jeunes ?

Brigitte : C’est vrai, qu’ils soient d’une origine ou d’une autre, ce sont nos petits français qui sont dans la rue. 

Francine : C’est vrai que les jeunes se sentent rejetés mais c’est moins vital que ce que j’ai vécu pendant la guerre. J’avais 7 ans, je suis israélite, j’ai dû me cacher, me taire. On était toujours poursuivis. J’ai passé la ligne de démarcation, avec les chiens qui aboyaient dernière nous. 

Brigitte : J’ai vu un reportage sur Sydney Poitier, il avait eu un Oscar mais cela ne l’empêchait pas d’affirmer qu’il resterait toujours un acteur noir et qu’il n’aurait jamais les mêmes droits qu’un blanc, il y aura toujours du racisme.

Renée : D’un autre côté, il y a des étrangers qui devaient venir en France pour les vacances et qui sont en train d’annuler.

Marie-Madeleine : On leur conseille de ne pas venir, les images des émeutes font le tour du monde.

Jean-Louis : Tous ces événements me rendent vraiment triste.