Les Curieux Aînés ont organisé une nouvelle revue de presse au sein de la résidence Trianon de Rouen. Ils étaient neuf à partager ce rendez-vous, toujours concernés par l’actualité du monde.
Alain, Christine, Marie-Claude, Marie-Jeanne, Martine, Monique, Odile, Patricia, Sabine et Héléna, l’animatrice, ont nourri la discussion, 

Extraits des échanges

Faut-il parler des féminicides ?

Odile : La vie a évolué, on parle davantage des féminicides aujourd’hui.

Marie-Jeanne : Avant c’était beaucoup plus rare. On jasait peut-être dans les villages mais ça n’allait pas plus loin que ça. Je trouve que c’est excessif maintenant et qu’un esprit faible qui entend parler de cela va avoir tendance à le reproduire.

Odile : Je crois que c’est bien de dire les choses. Chez nous, nous avons beaucoup soufferts du silence. Nous étions une famille de 11 enfants et ce n’était pas facile. Mon père était très dur. Je ne l’ai jamais vu être violent physiquement avec ma mère mais la vie avec lui n’était pas facile, ni pour ma mère ni pour les enfants. Mais à l’époque, on n’en parlait pas. Je garde beaucoup d’estime pour ma mère, beaucoup moins pour mon père.
Aujourd’hui, les choses se seraient passées différemment. Ma mère n’aurait pas accepté l’attitude de mon père et nous non plus.

Sabine : Mon père aussi était un homme tyrannique et ma mère me laissait tout faire, c’était peut-être son caractère ou peut-être une manière de nous rendre la vie plus supportable. Elle faisait comme elle pouvait. Chez nous, les femmes sont douces.

Odile : Aujourd’hui encore, il y a des hommes qui se font entretenir. Ma petite fille est restée 8 ans avec un homme qui se faisait loger, nourrir, blanchir. Ils se chipotaient tout le temps, elle a fini par le mettre dehors. Elle a eu raison, elle aurait dû le faire depuis longtemps. Aujourd’hui, c’est plus facile, moi je ne l’aurais pas fait.

Le développement d’internet et de l’intelligence artificielle.

Christine : L’intelligence Artificielle m’inquiète un peu. On parle à un ordinateur qui retranscrit tout ou qui invente un texte. Il y a de fortes chances que cela supprime du travail… déjà avec tous les moyens modernes de communication, il y a des emplois en moins, en tout cas des emplois qui sont délocalisés.

Alain : Certaines entreprises préfèrent créer des plateformes dans des pays où l’on paye les gens 2 euros de l’heure, à Madagascar par exemple. Le Canard Enchaîné en a encore parlé récemment.

Christine : Quand on voit toutes les arnaques qui sont liées à Internet, ça ne donne pas envie de s’y mettre.

Marie-Claude : En même temps, c’est beaucoup plus facile aujourd’hui de faire certaines démarches en ligne, mais je ne suis pas motivée pour m’en servir. C’est mon frère qui s’occupe de ça pour moi.

Héléna : Personne n’est connecté ici. Il faut reconnaitre que c’est compliqué parce qu’il n’y a pas Internet au sein de la résidence. Les supports que l’on pourrait utiliser ne sont pas compatibles avec ceux proposés par la ville.

Odile : De tout manière, on n’a pas envie d’avoir d’équipement, tout simplement.

Marie-Jeanne : On n’a pas les clés, c’est comme si on nous avait appris à écrire de la main droite et que maintenant on nous demandait d’écrire de la main gauche.

Martine : J’aimerais bien échanger avec mes petits-enfants. Ils habitent Rouen mais je ne les vois jamais.

Marie-Jeanne : Le téléphone fonctionne aussi bien. Pour moi, c’est plus dans ma réalité. Je préfère lire et écouter la radio.

Marie-Claude : En image, on est plus impliqué, on doit s’habiller, ça m’est arrivé de répondre au téléphone en étant toute nue.

Le couronnement du roi : un succès mondial ?

Alain : Le couronnement de Charles III a été suivi par 2 milliards de personnes. 

Marie-Claude : On a toujours eu besoin de spectacle.

Odile : Moi elle me fascinait Elisabeth. Avec Charles ce n’est pas pareil.

Marie-Claude : C’est une fin de race. Une fin de cycle, on a toujours connu la Reine Elisabeth. Elle a été portée au pinacle.

Sabine : Personnellement, je trouve que tout cela ne nous concerne pas, on n’est pas anglais.

Marie-Claude : Il y a quelque chose qui me gêne, en tant que républicaine, dans tout ce luxe. Il y a eu trop d’argent dépensé en l’honneur d’une seule personne. La république, c’est l’égalité et la solidarité, il n’y a pas une personne au-dessus des autres, en principe du moins parce que cela ne correspond pas vraiment à la réalité.
En France, on n’accepte pas que les gens soient trop riches. 

Alain : le paradoxe avec les anglais, c’est qu’ils aiment bien ce qui est ancien et qu’ils sont quand même très modernes.

Changer ses habitudes de consommation de l’eau.

Marie-Claude : Le côté extrême du climat devient inquiétant. Il ne pleut pas assez mais il y a quand même des inondations. 

Alain : L’eau redevient un objet de luxe. C’est surtout au-dessous de la Loire que les problèmes se posent mais au-delà de la quantité, il y a la question de la qualité de l’eau.

Marie-Jeanne : Il y a une éducation maintenant pour moins gâcher l’eau.

Héléna : Moi je suis mauvaise, je consomme trop d’eau, mes enfants me grondent.

Sabine, Martine, Christine : Nous, on a un timer pour la douche.

Alain : J’aime bien boire de l’eau de source en bouteille, je ne sais pas si c’est bien.

Christine : Dans les Pyrénées orientales la situation est vraiment critique. Les campings ont le droit de remplir les piscines mais pas les particuliers et les agriculteurs ne peuvent pas arroser normalement. On laisse faire certains et on rationne les autres, c’est difficile à comprendre

Héléna : Ce sont des enjeux économiques autour du tourisme.

Marie-Jeanne : Il faudrait chercher des solutions comme dessaler l’eau de mer, arrêter de cultiver du maïs et revenir à des modes de culture ancestrale, avant l’eau ne coulait pas à flot.

Marie-Jeanne : C’est peut-être la science qui va nous fournir des réponses. La science nous a aidé à améliorer notre confort.

Héléna : on se crée de nouveaux problèmes avec la science, on doit revenir à des choses simples. 

Marie-Jeanne : Peut-être que l’homme va s’adapter et se transformer, qu’une bosse va lui pousser sur le dos comme les chameaux.