Emplie de sa relecture du chef d’œuvre de Primo Levi, Si c’est un homme, H.L revisite le débat actuel sur la fin de vie.
Par LN
Alors que les journaux, nous abreuvent du compte-rendu de la Convention citoyenne sur la fin de vie et de déclarations en faveur de l’évolution de la loi Léonetti-Clayes, notamment vers le suicide assisté, je viens de relire Si c’est un homme de Primo Levi. Et je réalise que le suicide a été pratiquement inexistant à Auschwitz.
Pendant des semaines, des mois pour les plus chanceux, les concentrationnaires ont vécu coupés de tout et notamment de leur famille et de leur patrie. Ils étaient tendus vers un seul objectif : ne pas mourir. Et pour cela, ne pas succomber au froid, à la faim, à la fatigue et aux coups. Ni compatir aux souffrances de leurs prochains. Les vols de pain et de chaussures étaient monnaie courante.
Le suicide comme décision se nourrirait d’une angoisse devant l’avenir : perte de sens, de dignité…Or « là-bas, dit Primo Levi, nous avions autre chose à penser, occupés à mettre en place des stratégies iniques. Le suicide ne faisait pas parties des priorités, c’était un luxe que les survivants du jour ne pouvaient se permettre ».
Mais le suicide reste une belle idée : se dire qu’on peut tout arrêter, si ça ne nous paraît ne plus valoir la peine de continuer. Et c’est d’ailleurs, alors qu’il était célèbre, entouré et aimé que Primo Levi a choisi de tirer sa révérence, en se jetant du haut d’un escalier. S’il n’y a plus rien à attendre de la vie, la souffrance devient difficilement supportable…
Et si les buts vitaux étaient la meilleure des défenses contre la mort – et pas seulement au Lager ?