Les Curieux Aînés ont retrouvé les résidents de la rose des sables pour un nouvel atelier « revue de presse ». Des sujets de l’actualité récente ont été abordés : la démission du maire de Saint-Brévin, la prise en compte de l’endométriose, la fragilité du milieu hospitalier… Cette discussion nous a aussi permis de parler de notre vision du monde.

Extraits des échanges.

Avec : Anne-Marie, Brigitte, Chantal, Elisabeth, Eugène, Jean-Louis, Marie-Mad, Mireille, Nadine et Edwige, animatrice.

Vivre ensemble devient de plus en plus compliqué.

Marie Mad : Le maire de Saint-Brévin qui a démissionné parce qu’il a été mis en danger, le neveu de Brigitte Macron qui a été attaqué, la violence s’impose partout.
C’est dans l’air, il y a une ambiance environnante, avec les extrêmes, c’est un problème politique, je pense aux prochaines élections et ça m’inquiète beaucoup. L’extrême droite pourrait progresser mais Mélenchon n’aide pas beaucoup non plus quand il affirme que la police tue, est-ce qu’il avait besoin de dire ça ?
Les conflits entre les policiers et les manifestants deviennent monnaie courante. On a du mal à vivre ensemble, on a du mal à discuter, à comprendre et accepter la motivation des autres.
La violence des actes, la violence mots. La violence s’installe partout. Au quotidien, les gens utilisent de mots outranciers pour rien du tout. On fait tout de suite un drame de la moindre contrariété.
Je me souviens ici, même si c’est beaucoup moins grave, d’un commentaire à propos d’un repas par une personne de la résidence. C’était une réaction excessive. On ne tient pas beaucoup compte non plus du contexte dans lequel les personnes travaillent ici. Elles sont souvent seules. Et puis on peut dire les choses sans se montrer agressif.

Nadine : Les gens sont de plus en plus exigeants. Ils voudraient peut-être du caviar.

Chantal : C’est peut-être parce qu’on a l’impression de ne pas être entendus.

Eugène : On a l’impression de ne plus être pris en considération, la société qui gère les repas n’est plus basée ici, elle est implantée à Toulouse et après, elle sous-traite. Ces sociétés sont trop éloignées pour faire attention à nous.

Brigitte : Pour comprendre comment cela fonctionne, c’est de plus en plus compliqué, même pour organiser les repas d’une résidence comme la nôtre ! Je fais partie d’une commission menu où j’ai l’occasion de parler avec les représentants de la société gérante. J’en profite pour relayer certaines remarques mais des résidents pensent que je peux faire changer les choses. Je n’ai aucun pouvoir. On parle et après les décisions sont prises plus tard, sans nous. Les gens ne comprennent pas toujours cela et c’est aussi une source de frustration.

Eugène : Au final, tout est lié à des questions d’économie d’argent.

Les moyens dans les hôpitaux et le suivi psychiatrique

Nadine : Il y a vraiment un problème dans le suivi des personnes ayant des antécédents psychiatriques. Je pense à cette infirmière qui a été tué au CHU de Reims. Je me demande pourquoi on a laissé cet homme sans surveillance, il est récidiviste.

Tous : Il y a un vrai problème de moyens dans les hôpitaux.

Brigitte : il n’y a pas assez de personnel. Emmanuel Macron a fait des promesses après le covid mais rien n’a été fait ou pas assez.

Eugène : C’est important de suivre les malades, de les accompagner. Celui qui a attaqué l’infirmière, il n’était plus suivi du tout.

Brigitte : J’admire les professionnels de la santé. J’ai vu dans une petite unité à l’hôpital de St Etienne du Rouvray comment ils accompagnaient les patients, ils étaient très présents. Pour les calmer, on leur donnait beaucoup de médicaments, je ne sais pas comment on pourrait faire autrement avec si peu de personnel.
Pourtant, il y a beaucoup d’argent dans la santé. Ma meilleure amie travaillait pour un grand labo. Les chercheurs, dont elle faisait partie, touchaient des salaires mirobolants mais ce qui dégoutait mon amie c’était l’argent dépensé à l’occasion de séminaires qui coûtaient une fortune. Il y avait beaucoup de dépenses extravagantes. En revanche, le labo était incroyablement exigeant : Quand elle a été enceinte le labo a voulu qu’elle reprenne rapidement son travail et retrouve la même disponibilité qu’avant sa grossesse. Avoir un enfant ou pas ne changeait rien.
Quand son bébé a eu 6 mois, elle m’a demandé si je pouvais m’occuper de lui quand elle en aurait besoin, je l’ai fait. Il y avait du chantage, elle était seule avec son enfant et n’avait pas d’autre solution.

Eugène : Finalement on est tous fous.

Congés menstruels, une affaire d’éducation.

Elisabeth : Moi je souffrais beaucoup, j’étais secrétaire dans une entreprise de transports routiers, mes employeurs en tenaient compte, il y avait même quelqu’un pour me raccompagner l’après-midi quand je souffrais trop.
C’était une entreprise à taille humaine et ils savaient que je ne tirais pas au flan, le travail était fait mais quand j’avais mal, je n’avançais pas. Ça ne servait à rien de rester.
Je ne me rendais pas compte des problèmes que les autres femmes pouvaient rencontrer, celles qui travaillaient avec moi étaient plus âgées, elles n’étaient plus concernées alors je n’ai jamais pensé que cela pouvait poser de problème.
En Chine, quand il y avait la politique sur la natalité, il fallait inscrire les dates de contraception sur un grand tableau dans l’entreprise, mais en France on ne va quand même pas mettre un tableau pour dire quand on a nos règles !

Eugène : Il y a un problème d’éducation sexuelle à l’école. La sexualité est mal enseignée quand elle est enseignée. Il faut apprendre à connaitre le fonctionnement des autres, celui des femmes pour les hommes et celui des hommes pour les femmes, c’est comme cela que l’on vivra mieux ensemble. C’est le début de la civilisation.

Marie Mad : Durant une formation à France Telecom où je travaillais, la formatrice est venue avec son bébé et l’a allaité. Ça m’avait touché. D’une certaine manière, c’était très formateur.

Tous : Il faut différencier l’endométriose et les règles, si on doit accompagner des femmes il faut qu’il y ait un cadre médical.