La tempête Ciaran du 6 novembre dernier a été annoncée sur tous les canaux. Le souvenir de celle de 1999 étant encore fort dans les esprits. Mais fallait-il que le Président nous enjoigne aussi à rester à l’abris ? Isabelle se pose la question. 

Par Isabelle Revol.

La tempête Ciaran a été la vedette de la semaine de vacances de Toussaint. J’avais prévu de me rendre quelques jours à Dieppe et mon billet de train Nomad Rouen – Dieppe était pris pour le 1er novembre, et retour le 4. 

Lorsqu’on entendit que la tempête en question allait être assez forte, je m’interrogeais : est-ce bien raisonnable de maintenir ce déplacement ? Car au-delà du risque de pluie, c’est le Président de la République lui-même qui, sur les ondes, nous demanda solennellement de « rester chez nous ».  On ne pouvait faire plus clair. Sur BFM, il « exhorta » même les Français à éviter tout déplacement. C’est tout juste si je ne me sentis pas coupable de maintenir mon petit week-end dieppois ; je partis, et il est vrai que la météo fut exécrable, surtout à cause de la pluie incessante, à Dieppe en tous cas.

Mais j’appris que le 2 et le 3 novembre, au cas où j’aurais voulu rentrer plus vite, les trains étaient à l’arrêt ou leur trafic  fortement perturbé. Ceci me provoqua un doute. En plus, on nous annonçait une nouvelle tempête, Domingo, certes, plus au sud mais quand même…

Je me souvins de la tempête de 1999 qu’on surnomma la « tempête du siècle ». C’était le 26 décembre. J’étais chez ma sœur en région parisienne après Noël. A l’époque on prenait un billet non daté. Mue par un instinct de conscience professionnelle, car je devais être présente dans le service des affaires culturelles le 26, je pris la décision de repartir pour Rouen dès le 25 après-midi. Bien m’en a pris car les voies furent bloquées, en particulier par des chutes de branches, à partir de la nuit du 25 au 26. Et je me souviens encore du toit transpercé de la Cathédrale de Rouen le matin du 26. Durant des mois, voire des années, la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) a été mobilisée sur les réparations de monuments endommagés dans la région,  pour des subventions. 

L’annonce de la tempête Ciaran puis de Domingo ont provoqué en moi de l’angoisse. Mais je me suis demandé si c’était bien le rôle du Président de la République de nous prémunir solennellement contre les dangers climatiques ? Serions-nous soudain ses enfants ? Ce principe de précaution est-il proportionné ? Vouloir peut-être s’exonérer de la responsabilité ?  

Finalement je pus le vendredi matin me faire ramener à Rouen en taxi. J’avais résolu le problème par la tangente…

Le samedi, un numéro non enregistré en 06, qui s’avéra être celui de la SNCF, s’afficha sur mon portable : une voix posée et intelligente me demanda si j’avais pris le train prévu ; non, d’ailleurs j’avais essayé de les joindre, sans succès. On me dit que ce train avait eu des problèmes, et que j’étais dans leurs tablettes. Je vis ainsi l’attention qui a été la leur à mon égard. Lorsque j’en parle autour de moi, un étonnement admiratif se manifeste…