Koffi a failli mourir à plusieurs reprises. Au soir de sa vie, il évoque les moments où elle aurait pu s’interrompre brusquement. Et même s’il marche avec une canne, il est content d’être toujours là. 

Par Koffi 

Être devenu un vieux, un ancien, un senior… c’est un privilège pour ce qui me concerne ! J’aurais pu mourir à plusieurs occasions. 

Né pendant la guerre, des tirs sont venus troubler la vie du quartier où je vivais, à l’âge où j’ai commencé à me tenir assis dans ma chaise de bébé. Un jour, alors que ma grand-mère nous avait emmenés, ma cousine et moi dans le grenier de la maison afin de nous protéger contre des combats de rue, un projectile est tombé dans le conduit de cheminée et boom ! Les briques ont volé en éclat. Nous nous sommes retrouvés au milieu des gravats.  Pourquoi n’avons-nous pas été atteints ? Miracle. 

Quelques mois plus tard, j’ai attrapé cette sale maladie, « la polio ». Le médecin avait cinq petits patients atteints de cette maladie. Maman et sa sœur étant très croyantes remirent mon destin entre les mains d’un prêtre guérisseur. Pour aller à sa rencontre, elles ont dû traverser à pieds des zones dangereuses, avec le landau.

Le miracle se produisit : j’ai retrouvé l’usage de mes membres. Notre médecin ne comprenait pas. Il n’avait pas pu se tromper ! Cependant, mes jambes sont toujours restées fébriles et ma marche mal assurée. Que de fois mes genoux ont été abîmés ! 

Vers 15 ans, comme tous les gamins de mon âge, j’étais attiré par le vélo et la vitesse. Un jour, par manque d’anticipation, et au détour d’une rue, j’ai été surpris par une voiture venant sur ma gauche. Quel vol plané. Résultat : fracture du crâne. 

Quelques mois plus tard, n’étant pas vraiment satisfait de ce premier exploit, me revoilà dans la descente d’une grande côte, avec mon ami : c’était à celui qui irait le plus vite. J’avais comme désavantage mes séquelles de polio. J’ai été aspiré et eu le droit d’embrasser le sol. Ça cogna très fort dans ma tête. Après m’être relevé, mains et genoux décorés, impossible de remonter sur ma bécane. C’est à pied que nous rentrâmes : mon ami me donna les premiers soins. Ma tête, bonne pour une bosse, mais le pire, l’épaule droite, cassée. 

Quelques années plus tard, un accident de voiture me conduisit à nouveau à l’hôpital.  

Bref, la mort s’est approchée de moi à plusieurs reprises au cours de mes huit décennies.  

Mais pour l’instant, je lui ai tenu tête. Je me suis même relevé d’un AVC qui m’a fait chuter violemment. Le sommet de mon crâne était ouvert et mon côté gauche paralysé. Bien soigné et à temps, j’ai la chance de remarcher, même si parfois je me fais aider par une canne de confort.

Donc, quand on me dit que je suis vieux, je réponds : « oui mais vivant depuis longtemps » !