L’Angleterre est-elle encore ce qu’elle était ? A l’heure du Brexit, dont on ne connait pas encore toutes les conséquences, et où la cohésion du Royaume-Uni est souvent remise en question, Marie partage avec nous son désir de rester proche de nos voisins d’outre-Manche.
Par Marie H.
« Royaume-Uni, the end ? »
C’est la question que pose le Courrier International (numéro 1592 – 6-12 mai 2021).
L’Ecosse réclame son indépendance, le Pays de Galles s’émancipe, des tensions agitent l’Irlande du Nord. Le Royaume-Uni se détricote comme une vieille chaussette. Avec le temps… le Royaume-Uni n’est plus uni. Triste constatation.
Où est passée l’Angleterre de notre enfance ?
Où est passée l’Angleterre de nos séjours linguistiques chez des correspondants britanniques fiers de leur pays et de sa diversité.
De ces séjours, j’ai gardé le souvenir d’une belle campagne. Par tous les temps nous arpentions les bois et les champs en compagnie des enfants de nos hôtes. Je n’ai pas oublié les sentiers boueux creusés d’ornières dans lesquelles nos bottes s’enfonçaient. Nous escaladions des barrières, parfois un taurillon furieux nous coursait et nous fuyions à toutes jambes. L’hiver nous rentrions transis de nos promenades. Le thé était servi près de la cheminée où flambait un grand feu. Ravis et affamés nous engloutissions les crumpets, les muffins et même les sandwiches au concombre nous semblaient délicieux. Les restrictions sévères qui avaient suivi la guerre n’avaient plus cours.
Nos jeux restaient clandestins ; l’adage classique de ces temps reculés « children must be seen, not heard » – on doit voir les enfants, on ne doit pas les entendre – avait certes perdu de sa vigueur mais existait encore. Nous bénéficiions, nous français, d’une indulgence passagère dont nous profitions pour entraîner nos jeunes amis anglais dans des parties endiablées. Nous courions dans les couloirs, glissions sur les parquets et nous cachions tantôt à la cave, tantôt au grenier. Le soir, au fond de nos lits, nous nous endormions en écoutant le vent souffler dans les arbres et le hululement des chouettes dans le lointain.
Un gout d’enfance !
Voilà d’où me vient ce goût pour l’Angleterre et ses coutumes « so british ». C’est un goût d’enfance. Nous sommes restés fidèles à ces années là. Brexit ou pas, nous continuons à nous écrire, nous partageons les mêmes souvenirs amicaux, presque fraternels. Mes amis anglais et moi souhaitons que la Grande Bretagne reste unie et ne sombre pas dans un séparatisme stérile qui l’éloignerait encore un peu plus du « continent »