Habiter, rien que ce verbe constitue tout un programme. Il y a mille et une manières d’habiter qui se déclinent différemment selon les époques, selon l’endroit de la planète où l’on vit, selon les ressources dont on dispose, selon les âges de la vie, selon nos goûts personnels…
Quand on vieillit, quels que soient les choix que nous avons faits plus jeunes ou ceux qui nous ont été imposés par les circonstances de la vie, la question de l’habitat revient comme une préoccupation majeure : quel type de logement choisir pour vieillir mieux et plus longtemps ?

Par Martine Lelait

Marie-Madeleine en résidence autonomie à Maromme. Pour rester indépendante mais profiter d’animations collectives et d’une vie sociale plus riche.

Marie-Madeleine n’a pas déménagé à la légère. Ce fut le fruit d’une réflexion de plusieurs mois, presque une année même, pendant laquelle elle a pu cogiter sur ses capacités, son degré d’autonomie, ses envies, ses projets.

Elle a toujours été une femme très active, quelqu’un « qui n’arrêtait pas » comme on dit. Depuis le décès de son mari, elle a vécu plusieurs années seule dans son appartement à Maromme, d’abord avec sa petite chienne chérie puis sans elle. Ce qui l’a finalement poussée à quitter son logement, c’est la peur de tomber et un sentiment d’insécurité. Elle a été accompagnée dans sa réflexion puis ses démarches par des professionnels, le CLIC notamment (Centre Local d’Information et de Coordination qui a vocation à soutenir, accompagner les aînés).

Elle n’imaginait absolument pas renoncer à tout ce qui faisait sa vie dans son appartement et se refusait donc à entrer en EHPAD. La formule de la résidence pour personnes âgées  lui semblait un moyen terme et une manière de conserver son autonomie, ses meubles, et toute la vie sociale qu’elle avait ; elle entretenait en effet de bonnes relations avec tout le monde et pensait bien continuer sur sa lancée. Mais surtout, ce qui l’avait « alléchée » c’étaient le programme d’animations (gym douce, yoga, jeux, cinéma, groupes de parole…) et la possibilité de prendre les repas en commun.

Mais boum, patatras, la Covid est passée par là.

Marie-Madeleine a déménagé début novembre et là, hélas, plus question d’animations d’aucune sorte, plus imaginable non plus de prendre ses repas en commun. La convivialité rêvée est perdue pour le moment. Elle mange seule dans son petit logement mais n’a guère beaucoup d’appétit. Aujourd’hui, à défaut de gym douce, elle s’efforce de maintenir un peu d’activité, elle marche jusqu’au bout du couloir mais n’ose plus sortir seule par peur de tomber, elle joue à différents jeux pour ne pas perdre la tête comme elle dit, mais elle joue la plupart du temps seule. Elle qui était si active commence à  perdre sa belle confiance, ses forces, son énergie ; elle s’ennuie, elle exprime le sentiment d’être abandonnée. Ce qui lui manque par-dessus tout, ce sont les relations humaines, la vie en société. Elle regrette presque de ne pas pouvoir faire marche arrière et d’être restée plus longtemps dans son appartement.

Elle voit mal son avenir, elle qui a tant aimé la vie, malgré la guerre, la maladie, la perte d’êtres chers. Alors en attendant sa deuxième injection de vaccin, en attendant que les activités reprennent, pour ne pas se démoraliser complètement, elle a choisi de partager avec vous son expérience.

Elle reviendra prochainement pour vous parler de sujets qui lui tiennent à cœur.